Pendant 5 ans, Chloe Dewe Mathews a voyagé dans les pays limitrophes de la mer Caspienne. Elle dresse une série autour de l’impact des ressources naturelles sur la société de ces pays et publie Caspian : The Elements, un ouvrage coédité par le Peabody Museum et la fondation Aperture.
Chloe Dewe Mathews, photographe anglaise de 36 ans, a voyagé dans les pays qui entourent la mer Caspienne : le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, la Russie et l’Iran. Les ressources naturelles ont un impact très fort sur l’économie de ces pays, et sur la vie quotidienne et la culture des populations autochtones. Armée de son Mamiya moyen format, Chloe a capturé cette symbiose entre le paysage et les pratiques des habitants. Elle documente par exemple le lien entre Zoroastrisme (religion monothéiste de l’Iran ancien) et le feu, le pouvoir thérapeutique des bains de pétrole en Azerbaïdjan ou encore les bains dans l’eau glacée en Russie. En découle un travail mêlant le matériel et l’intangible. « Les matériaux comme le pétrole, le gaz, le feu, l’eau avaient un impact central sur les pratiques culturelles des habitants autochtones : ils avaient une charge symbolique, religieuse, presque mystique. Ces éléments ont été le fil rouge de ma recherche », explique la photographe.
Un monde entre réalité et mysticisme
Formée aux Beaux-Arts, Chloe Dewe Mathews a développé au fil du temps une prédilection pour la photographie. Autodidacte, elle a trouvé un style à cheval entre le documentaire, la photographie d’auteur et l’étude ethnographique. « J’étais consciente des éléments qui configurent et teintent les vies des personnes que je photographiais », précise-t-elle. La frontière entre le visible et l’invisible est subtil : ses photos laissent entrevoir l’histoire d’une des régions les plus convoitées au monde. Une immersion dans un territoire qui a vu défiler les Perses, les Mongoles, les Ottomans et les Soviétiques et qui a été au cœur de conflits géopolitiques.
En parcourant les pages de Caspian : The Elements, le lecteur s’embarque dans une narration visuelle puissante. Le regard s’envole à travers les paysages captivants et découvre un monde entre réalité et mysticisme, modernité et tradition. Les photographies sont mises en lumière par les essais de Morad Montazamiu, historien de l’art, Sean O’Hagan, journaliste photo, et Arnold van Bruggen, écrivain et réalisateur. Un panorama illustré d’un territoire composite et énigmatique.
Caspian : The Elements, Co-publié par Aperture et Peabody Museum Press, 65 $ – 216 p.
© Chloe Dewe Mathews