Panoramas sauvages, inexplorés, territoires hostiles, ou encore retraites thérapeutiques… Les paysages enneigés ne cessent de fasciner les photographes. Alors, en cette période hivernale, rien de tel qu’une immersion dans ces espaces gelés, où les glaciers côtoient les vents froids et où l’inspiration est prégnante. Suivez le guide !
Vincent Bousserez
Ces dernières années, Vincent Bousserez, 44 ans, photographe explorateur, s’est rendu en Finlande, en Suède, en Norvège, en Islande, et en Russie afin de documenter le passage de l’homme sur terre. « Plus l’humanité grandit, plus elle s’étend et plus cela coûte cher au monde qui nous entoure », ajoute-t-il. Et c’est au Lac Baïkal, en mars 2018, qu’il concrétise sa série Empreintes, un travail poétique et engagé.
© Vincent Bousserez
Rosa Rodríguez
« Je m’intéresse tout particulièrement aux sociétés, et à la manière dont elles influencent chaque être humain. Dernièrement, j’ai étudié les communautés qui nouent des liens avec la nature, et qui se battent pour la préserver »
, raconte Rosa Rodríguez . Durant trois ans, elle a voyagé dans la région arctique pour réaliser The White Line. Une série documentaire capturant la splendeur du territoire – ainsi que son lent déclin.
© Rosa Rodríguez
Alexis Pazoumian
À Yakutsk, l’une des villes les plus froides du monde, et dans la taïga environnante, Alexis Pazoumian a développé Sasha, un récit aussi documentaire que personnel. Cette région, aussi riche que glaciale, fascine. « Ses sous-sols regorgent d’or, de pétrole et de charbon. C’est aussi la première productrice de diamants du monde », précise l’auteur. Un territoire fabuleux, immaculé, mais hostile. « Les températures hivernales atteignent – 60 °C », rappelle le photographe.
© Alexis Pazoumian
Marina Shukurova
La photographe russe Marina Shukurova est partie durant deux semaines dans le Grand Nord, près de Mourmansk, pour documenter un mal mystérieux : l’hystérie arctique. « L’affliction est caractérisée par un état de conscience et une perception de la réalité altérés. Si la personne est toujours capable de réaliser des actions automatiques, celles-ci sont accompagnées d’un « écho » – une imitation des mots et gestes d’autrui non contrôlée – et un « appel » – une envie irrésistible de se diriger vers un endroit spécifique, souvent vers le nord et l’étoile Polaire », raconte-t-elle.
© Marina Shukurova
Jonathan Levitt
Pour réaliser Echo Mask, le photographe Jonathan Levitt a voyagé sur le territoire nord-américain, à la recherche d’une nature intacte. Il en rapporte des œuvres étranges, qui semblent osciller entre deux mondes, ou deux imaginaires, suspendus entre la vie et la mort. Car au cœur du livre, les animaux photographiés, figés en plein mouvement, semblent sortir des pages sous nos yeux.
© Jonathan Levitt
Mark Mahaney
Utqiagvik, la ville la plus septentrionale des États-Unis. Située en Alaska, elle se trouve à environ 550 kilomètres au nord du cercle arctique. Dans cette région, la Nuit polaire dure 65 jours. 65 jours plongés dans les ténèbres, le soleil absent incapable de faire fondre la neige qui s’accumule et crisse sous les pas des rares courageux osant s’aventurer à l’extérieur. Le vent souffle, s’abat sur les corps, et la peau brûle de froid en quelques secondes. C’est dans ce lieu aussi cauchemardesque qu’extraordinaire que Mark Mahaney a réalisé Polar Night.
© Mark Mahaney
Sasha Mongin
« Au début du confinement, je me suis sentie comme un personnage de cartoon que la Covid-19 avait gelé sur place, doté d’un super pistolet cryogénisant », se souvient Sasha Mongin une photographe travaillant le portrait mis en scène. Alors, à défaut de pouvoir se retirer dans son congélateur, l’artiste a figé et réunit dans sa série Covid -19°C des objets personnels l’accompagnant dans le monde normal, ou plutôt dans le monde d’avant.
© Sasha Mongin
Martin Faltejsek
« Tous les ans, je passe au minimum un mois dans un pays étranger. Récemment, je suis tombé sous le charme des régions scandinaves »
, précise Martin Faltejsek. Dans ces paysages froids, il capture un monde sauvage et impressionnant, dominant l’Homme. À quelques endroits, des personnages solitaires arpentent ces territoires, figures nostalgiques en quête de paix. Des mises en scène soulignant l’inquiétude du photographe : « Notre planète est magnifique, et il nous faut la protéger à tout prix », déclare-t-il.
© Martin Faltejsek
Margot Wallard
Peu après la mort de son frère, la photographe française Margot Wallard a déménagé en Suède, dans la région du Värmland. Là-bas, elle a construit Natten, une série thérapeutique, portée par la douleur du deuil et l’envie d’aller de l’avant.
© Margot Wallard
Douglas Mandry / Riitta Päiväläinen
« Comme un écrivain qui crée un roman et a besoin d’un stylo et de papier, j’ai besoin de tissu et de paysage pour raconter une histoire qui touchera le spectateur en fonction de son histoire personnelle et de ses expériences »
, explique Riitta Päiväläinen. Ce rapport à la nature devient même fusionnel quand elle ajoute : « Travailler avec un paysage, c’est y entrer : vivre et sentir le lieu, en faire enfin partie à parts égales. »
« Mon travail se développe en constante réaction à la digitalisation de la photographie », annonce quant à lui Douglas Mandry. Sa série Unseen Sights rassemble des photographies noir et blanc prises au cours de voyages et recolorisées en studio – à la main ou à l’aérographe. En intervenant ainsi sur ses photos, il propose une vision fantasmée du territoire.
© Riitta Päiväläinen
© Douglas Mandry
Julia de Cooker
Dans les images de Julia de Cooker, la technologie humaine paraît irréelle, au milieu du sauvage. La nature est immaculée. Car ni inuit, ni viking ne se sont installés à Svalbard, faisant de cette terre un lieu exempt de toute tradition. Sans passé, la petite ville résiste dans la glace qui l’entoure, première création humaine sur le territoire. « C’est cette sensation de décalage que je voulais documenter dans mon projet », conclut Julia. Une création aux accents futuristes.
© Julia de Cooker
Serj Ius
Les photographies de Serj Ius, somptueuses et mystérieuses, nous enveloppent. La lumière, tamisée par le brouillard, teinte les paysages d’un halo rosé. La neige, épaisse et tenace, semble arrêter le temps. Son monde de devient presque irréel, baigné dans cette lumière surnaturelle. « Je me dissous dans mes photos », confie le photographe.
© Serj Ius
Frankie Carino
Glaciers imposants, grottes gelées, stalagmites tranchantes… À première vue, Ice Castles nous emporte dans un périple hivernal, aux confins de l’Antarctique. Un décor bleuté, auréolé d’un froid polaire, où la neige demeure éternelle et où les humains n’osent s’aventurer. Pourtant, au détour des photographies de Frankie Carino, on découvre d’étranges silhouettes vêtues de simples t-shirts, et un soleil bizarrement chaleureux…
© Frankie Carino
Petros Koublis
Dans Silentia, Petros Koublis présente un univers immaculé à l’atmosphère surnaturelle. S’il voyage d’un bout à l’autre du monde – des îles Égéennes aux États-Unis – son esthétique unique brouille les frontières et rapproche les paysages dans un même territoire. Qu’il photographie en couleur ou en noir et blanc, une pureté émane de ses créations. Paysages et êtres vivants apparaissent dans des décors sublimes, habités par un silence magistral.
© Petros Koublis
Image d’ouverture : © Jonathan Levitt