William Klein, figure iconique, nous a quittés

12 septembre 2022   •  
Écrit par Fisheye Magazine
William Klein, figure iconique, nous a quittés

Le photographe, peintre, plasticien, graphiste et réalisateur William Klein s’est éteint « paisiblement » à l’âge de 96 ans le samedi 10 septembre, à Paris. Retour sur la carrière prolifique d’un artiste touche à tout.

Né en 1928 à New York, c’est en Europe que William Klein découvre d’abord la peinture – son statut de soldat démobilisé lui permettant de s’installer à Paris, d’étudier à la Sorbonne et de s’initier au médium grâce à Fernand Léger – puis à la photographie en Italie, par le biais de l’architecture. En 1954, sa rencontre avec Alexander Liberman, directeur artistique deVogue lui permet de se frotter à la photographie de mode, qu’il révolutionne grâce à son amour des mises en scène. En parallèle, son approche atypique du médium séduit : William Klein se démarque par son goût pour les sujets sans tabou, son usage du grand angle, du grain, du flou, des contrastes et cadrages inhabituels. Son premier ouvrage, Life if Good and Good for You in New York: Trance Witness Revels ne passe pas inaperçu : il est publié à Paris, Londres et Rome, mais boudé à New York, car on le juge trop violent, trop dur.

Déconstruire les traditions

À partir des années 1960 et durant une vingtaine d’années, il se consacre à la réalisation de films. Parmi eux, Loin du Vietnam (1967), Mr Freedom (1969) ou encore Le couple témoin (1976). Un goût pour le mouvement et l’atypique que l’on retrouve également dans ces multiples monographies – notamment Close Up (1989), ou In & Out of Fashion (1994). En 2005, le Centre Pompidou inaugure une grande rétrospective de son œuvre et coédite un livre de 400 pages relatant son parcours. En 2012, c’est la Tate Modern qui lui rend hommage, à travers l’exposition William Klein + Daido Moriyama. En novembre 2022, delpire & co présentera, pour la première fois, la satire moderne Qui êtes-vous Polly Maggoo ? – film culte, produit par Robert Delpire en 1966 – sous la forme d’un roman-photo. Depuis 2019, son héritage est assuré à travers le Prix de Photographie de l’Académie des beaux-arts William Klein, doté d’une somme de 120 000 euros et récompensant un ou une artiste pour son engagement en faveur du 8e art.

Créateur polyvalent, l’auteur s’est imposé comme un lanceur de tendance, n’hésitant pas à déconstruire les traditions, à donner à voir le viscéral, le brut des villes qu’il parcourt. Un caractère tranché qui nourrit son œuvre, mais aussi certains de ces travers. Car, il y a cinq ans déjà, Benoît Baume, directeur de Fisheye, dénonçait, au cœur d’une chronique, les tendances libidineuses d’un grand monsieur : « William Klein reste un artiste capital de l’histoire de la photographie. Peut-être que durant quatre-vingts ans il a été irréprochable avec les femmes, et que le fait de devenir octogénaire lui a faire perdre ses repères. C’est peut-être le cas. Quoi qu’il en soit, je n’enverrai jamais une journaliste de la rédaction, une amie ou n’importe qui d’autre d’ailleurs passer du temps avec ce monsieur. Je ne juge pas une vie, mais son épilogue qui n’est pas acceptable. Et dans la mesure où je peux en parler, je le fais pour ne pas en devenir le complice ».

William Klein © Zhong Weixing© William Klein

à g. William Klein © Zhong Weixing, à d. © William Klein

© DR

William Klein © DP

Explorez
Les dessous de l'agence Stock Photo : un récit visuel du Québec
Deux jeunes Inuit pratique le chant de gorge devant leurs camarades. Campement d'Okpiapik. Nunavik, 1999 © Jean-François LeBlanc
Les dessous de l’agence Stock Photo : un récit visuel du Québec
Dans le livre Agence Stock Photo, Une histoire du photojournalisme au Québec, la photographe Sophie Bertrand et la directrice artistique...
17 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
© Zélie Hallosserie
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
À seulement 21 ans, Zélie Hallosserie remporte le premier Saltzman-Leibovitz Photography Prize pour The Game, un projet...
16 mai 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Vietnam, 1971 © Marie-Laure de Decker
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Du 4 juin au 28 septembre 2025, la Maison européenne de la photographie rendra hommage au parcours de Marie-Laure de Decker au moyen...
16 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
© Pooya Abbasian, Neuf-Trois, 2024, impression sérigraphie sur verre de chantier
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
À travers Slave to Trends, un projet présenté en 2024 à la Fondation Fiminco, Pooya Abbasian explore les tensions entre esthétique...
16 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Chris Mann et les histoires abstraites de Bakou
© Chris Mann
Chris Mann et les histoires abstraites de Bakou
Au fil de ses projets, Chris Mann immortalise des paysages à la lisière entre deux mondes. Dans Interzone Baku, cet adepte des tirages...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #507 : quand la famille nous (dé)lie
© Anna Gajewszky / Instagram
La sélection Instagram #507 : quand la famille nous (dé)lie
Qu’hérite-t-on de notre histoire familiale ? Quelles sont les limites de son influence sur notre construction personnelle ? Les artistes...
20 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
5 coups de cœur qui s’intéressent aux réalités du corps
© Rebeca Balas
5 coups de cœur qui s’intéressent aux réalités du corps
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
19 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 12 mai 2025 : cinéma, expositions et magazine
© Lucile Boiron
Les images de la semaine du 12 mai 2025 : cinéma, expositions et magazine
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous parlent de cinéma, des expositions du moment, de mode et d’esthétiques...
18 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet