
Dix ans après les attentats perpétrés à Paris en novembre 2015, le photographe Yves Samuel publie aux Éditions Fisheye un livre tout en retenue, sensible et délicat, en hommage aux victimes. Une série de photos que l’on retrouve également exposées à Paris Photo (galerie CLAIRbyKahn), et sur les quais du métro République (ligne 11), du 13 au 16 novembre 2025.
« Un bouquet de fleurs fanées, des dessins d’enfants, un livre d’Hemingway, Paris est une fête, à la couverture défraîchie, trois bougies tricolores, une bouteille-fleur, un drapeau tricolore abîmé, une rose/hymne à l’amour, un ours en peluche, un poème, une guitare et quelques pensées… Non, ce n’est pas un inventaire à la Prévert, précise François Molins, procureur de la République à l’époque des attentats, qui signe la préface de Liberté, Objets, Fraternité. Ces photographies réalisées par Yves Samuel représentent autant d’objets déposés sur les trottoirs des lieux des attentats qui ont frappé la France le soir du vendredi 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, au Stade de France, sur les terrasses de cafés et au Bataclan. Des objets très divers qui témoignent du ressenti des citoyens. »

48 pages, 25 €.
« Vous n’aurez pas notre haine »
Touché par les témoignages déposés devant le Bataclan et les autres lieux des attentats au lendemain du 13 novembre 2015, Yves Samuel décide de photographier un ensemble d’objets, de dessins et de petits mots délavés par les intempéries. Il en choisit quelques-uns, les transporte en studio afin de leur « tirer le portrait », puis les redépose sur leurs lieux de sa collecte. « Pris à part, chaque objet acquiert un statut unique d’œuvre d’art et perpétue les histoires personnelles. Par ces photos, j’exprime ma volonté de maintenir cette émotion, de l’inscrire pour les générations futures », explique le photographe au quotidien Le Monde. « Derrière ces objets, tous chargés de symboles, il y a des êtres qui, au-delà de la tristesse, témoignent des valeurs de respect, de dignité, d’amour, de tolérance et de vivre-ensemble qui nous animent. Ces objets qui veulent aussi dire : “Vous n’aurez pas notre haine”, nous rendent plus forts que ceux qui nous ont donné des motifs de les haïr », conclut François Molins.