La Fondation Swiss Life vient de révéler les noms des deux lauréats de son prix : Vincent Fournier et Sébastien Gaxie. Lumière sur Auctus Animalis, le bestiaire surréaliste et futuriste imaginé en duo par le photographe et le musicien.
Il y a quelques semaines, la Fondation Swiss Life lançait la 5e édition du Prix Swiss Life à 4 mains. Un singulier concours valorisant les artistes émergents qui, à deux, font dialoguer musique et photographie. Après avoir présélectionné huit binômes le mois dernier, le jury – composé de membres de la Fondation, du directeur du Jeu de Paume Quentin Bajac, de la galeriste Clémentine de la Féronnière, du directeur du Studio national des arts contemporains du Fresnoy Alain Fleischer, des lauréats de la 4e édition du Prix, Édouard Taufenbach et Régis Campo, ou encore les musiciennes Julie Alcaraz et Airelle Besson – s’est réuni le 27 janvier et s’est accordé sur un duo : celui de Vincent Fournier et de Sébastien Gaxie. Les lauréats remportent ainsi une bourse de 15 000 € chacun. Leur projet commun fera également l’objet de six expositions dans toute la France et d’un ouvrage publié aux Éditions Filigranes.
Mais en attendant, découvrez Auctus Animalis, un véritable cabinet de curiosité qui associe biologie et surréalisme…
Donner vie à l’inanimé
« J’ai rencontré Vincent à l’une de ses expositions à Paris, il y a quelques années, autour de son travail
Space Utopia. Nous avons tout de suite trouvé un terrain de dialogue facile et fertile malgré les différences de nos médiums. Nous avions en tête de nous présenter à ce Prix et avons franchi le pas cette année lors de retrouvailles post-confinement », raconte Sébastien Gaxie. Depuis l’enfance, son acolyte, le photographe Vincent Fournier, est « fasciné par les diverses représentations du futur ». Une inclination qui ne l’a jamais quitté et s’impose comme le fil conducteur de chacun de ses projets. Cet univers spéculatif a tout de suite plu au musicien qui puise son inspiration dans l’éclectisme. « Je travaille depuis une quinzaine d’années sur la synchronicité. Je fais un peu, comme une décalcomanie, correspondre une musique à une autre réalité captée dans le temps », explique-t-il.
C’est donc avec une proposition étonnante que Vincent Fournier et Sébastien Gaxie ont su se démarquer cette année. Car Auctus Animalis n’est autre qu’un bestiaire imaginaire qui entremêle des univers que tout semble opposer. Histoire et anticipation, mémoire et science-fiction, nature et technologie participent à la création d’un monde réinventé, métamorphosé. Dans ce dernier, l’évolution a doté la faune de capteurs luminescents qui mesurent la qualité de l’air et d’exosquelettes sertis de pierreries. Vincent Fournier esquisse ainsi les portraits de ces espèces inconnues. Sébastien Gaxie, quant à lui, conçoit les sonorités qui leur sont associées. « Auctus animalis est une nouvelle formulation de cette recherche : mettre en relation l’image d’un animal augmenté avec un univers sonore qui le rende vivant. Donner vie à l’inanimé résume bien notre intention », conclut le musicien.
© Vincent Fournier