Robert Darch a 36 ans et vit à Devon en Angleterre. Après une licence de photo documentaire en 2004, il a repris ses études récemment. The White Whale (en français, “le cachalot blanc”) est une série réalisée dans le cadre de son master en photo et édition. Dans une atmosphère sombre, les images interrogent le spectateur et c’est justement le but recherché par le photographe. Pour Fisheye, il nous en dit plus sur cette série pleine de poésie.
Fisheye : D’où vient le titre The White Whale et pourquoi l’as-tu choisi ?
Robert Darch : C’est une référence au roman Moby Dick d’Herman Melville, récit de la quête obsessionnelle d’Ismaël qui chasse un cachalot blanc légendaire. En fait, au début, je voulais réaliser une série dans laquelle chaque image pouvait être le point de départ d’un projet différent, comme un livre par exemple. C’était surtout parce que je ne savais pas vraiment sur quoi me concentrer et que j’avais envie d’explorer un tas de sujets différents. Après un mois, je me suis rendu compte que toutes ces photos étaient liées entre elles autour d’une idée : celle de la quête, de l’attente. Cela m’a poussé à choisir ce titre.
Que voulais-tu montrer à travers ces images ?
Rapidement, je me suis rendu compte que j’étais intéressé par la condition humaine. Par les obsessions, les angoisses, les idéaux et les morales qui nous rendent humain ainsi que par la façon dont on se remet d’une rupture ou d’un deuil. La mélancolie domine dans cette série, renforcée par les paysages mornes et la sombre lumière de l’hiver. Chaque image est le point de départ d’une histoire. Bien que la série semble traiter de sujets et de lieux disparates, il y a une cohérence grâce à l’atmosphère poétique que l’on retrouve dans chacune des photos. Ce travail interroge plus qu’il n’explique, c’est voulu. J’ai mêlé des photos où l’on sent une mise en scène à des portraits et des paysages pour brouiller les frontières entre la réalité et la fiction.
Y a t-il une photo dont tu es particulièrement fier ?
La première que j’ai prise, celle d’un paysage désert, parce qu’elle donne le ton du reste de la série et c’était aussi la plus dure à prendre. J’ai mis quatre heures à marcher jusqu’à cet endroit sous une pluie glaciale. Pendant plusieurs heures, je suis resté assis sur la colline à attendre une éclaircie pour finalement prendre cette photo.
Quel est le plus beau compliment que l’on t’ait fait sur ton travail ?
Pendant mes études, l’un de mes professeurs a dit qu’il aimerait me voler mes photos et faire croire qu’il les a prises lui même. C’était très gratifiant d’entendre ça étant étudiant. Plus récemment, un photographe m’a contacté pour me dire à quel point il aimait mon travail, ce qui est plutôt sympa.
Quels photographes t’inspirent ?
Robert Adams, Jem Southam, Phillip Lorca diCorcia, Todd Hido, Laura McPhee, Martin Kollar et Alexandre Gronsky sont des artistes très inspirants.
Sur quel projet travailles-tu actuellement ?
En ce moment je travaille sur une série sur Devon, la ville où j’habite. Mon idée n’est pas encore tout à fait formée dans ma tête mais je sais déjà que je ne travaillerai pas la photo de la même façon que d’habitude. J’aimerais que mes photos soient moins réfléchies, plus fluides et plus abstraites. J’ai hâte de commencer !
Comment décrirais-tu ton travail en quelques mots ?
Une beauté réfléchie et calme.
Propos recueillis par Hélène Rocco
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