Buvettes, bingos, cafés des Sports, relais routiers… Guillaume Blot explore les lieux de convivialité et de rencontres populaires de l’Hexagone. Avec la volonté de mettre en lumière ces espaces oubliés. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.
Frites jaunes sur goudron noir, sauces multicolores sur un comptoir, baby-foot hors d’âge, belote ou contrée au fond d’un café… les clichés de Guillaume Blot, photographe et journaliste nantais né en 1989, forment un joyeux désordre. L’auteur a fait ses armes à Ouest-France à 18 ans, avant de s’orienter vers la photographie en 2016. Il a développé depuis plusieurs séries sociales à l’optimisme contagieux. « La photo est un médium qui facilite à la fois rencontres et expériences, précise-t-il. Mon boîtier me sert de prétexte pour parler aux gens, dans la rue notamment. Mes clichés visent à documenter des communautés du “tous les jours”: les habitués des buvettes, des cafés, ou encore des bingos. » En privilégiant le portrait, Guillaume Blot met en lumière les visages des oubliés, les personnages invisibles à qui il rend hommage. Il y a dans les séries du photographe – Buvettes et Cafés des Sports, notamment – une envie de documenter un quotidien familier. « Buvettes est née en 2015 alors que je testais des restaurants pour le site Le Fooding. J’ai eu l’idée de chroniquer les meilleures buvettes des stades de foot de France. La série Cafés des Sports est plus récente, 2019. Elle répondait à la question : quel est le nom de bar le plus porté en France ? », explique l’auteur.
Des espaces en pleine mutation
Le sport, omniprésent dans ces deux projets, rassemble les personnes, les réunit le temps d’une bière, écharpes colorées autour du cou, à table ou face à un écran. « Les deux séries racontent des espaces en pleine mutation : la buvette de stade tend à s’aseptiser, notamment à cause des applications créées pour commander son sandwich depuis sa place. Le nombre de cafés a, lui, vertigineusement chuté depuis les années 1960. » Seuls quelques villages s’obstinent, accueillant encore d’irréductibles habitués. Entre prises de vue sur le vif et mises en scène, Guillaume Blot nous donne à voir ce monde oublié. Face à son objectif, les visages se raniment et le naturel reprend le dessus. « Je suis humaniste, optimiste, et je m’engage pleinement à travers mes images. Je privilégie les histoires inspirantes et positives. Et par-dessus tout, je souhaite que ma photo fasse sourire ! », confie-t-il. Un joyeux capharnaüm, foutraque et pétillant, où les générations se croisent et se retrouvent, célébrant une culture populaire trop souvent méprisée.
Cet article est à retrouver dans Fisheye #41, en kiosque et disponible ici.
© Guillaume Blot