Dans Si l’on nous voyait, le photographe français Martin Bertrand immortalise les soirées de son groupe d’amis. Un ouvrage immersif, sublimant l’insouciance de la jeunesse.
Prises à l’argentique et à l’iPhone, les photographies de l’ouvrage Si l’on nous voyait forment une mosaïque désordonnée et spontanée. Sur les clichés au grain prononcé, les jeunes boivent, rient, s’amusent avec une insouciance insolente. Un portrait authentique, tracé par Martin Bertrand. « Lorsque j’ai commencé ce projet, j’étais encore en école de photographie et j’avais à peine 18 ans, raconte-t-il. Il était encore difficile de démarrer des séries en parallèle des cours, mais j’avais très envie de créer. Mes seuls moments libres ? Lorsque je sortais avec mes amis. »
C’est naturellement que le photographe de 23 ans venu de Rennes a pris l’habitude de capturer ces moments de détente. Un premier projet qui durera trois ans. Trois ans durant lesquels l’artiste a évolué, et développé son esthétique. « J’ai commencé à l’argentique, et lorsque mon vieux boîtier a rendu l’âme j’ai songé à arrêter. Pourtant, en continuant à sortir et fréquenter mes amis, j’ai ressenti le besoin de photographier davantage. J’ai alors sorti mon iPhone », confie l’auteur. Au fil des années, les images se sont fait plus complexes, déjouant la redondance.
Les nuits bretonnes
Si l’on nous voyait
se lit comme un récit immersif dans le quotidien de ces jeunes. Une histoire simplement racontée, aux antipodes d’un projet documentaire. « On y trouve de tout : des moments de joie, de peine, d’attente… Je ne souhaitais pas montrer la folie de la fête, mais simplement observer », précise Martin Bertrand. Le titre de l’ouvrage renvoie d’ailleurs à cette volonté d’être vu, de révéler des détails intimes, des choses que l’on ne remarque pas forcément. « Il s’agit d’un titre qui m’est venu assez rapidement. Et puis l’utilisation du “on” m’inclut dans l’action », ajoute le photographe, qui est présent sur certaines images.
Car dans cet entremêlement de soirées festives au cœur des nuit bretonnes, l’artiste livre une partie de lui-même. Entouré de ses amis, il photographie avec sincérité son quotidien. Une manière de figer ces instants éphémères. « C’est d’ailleurs pour cette raison que j’en ai fait un livre : une sorte d’archive, qui fait en sorte que ces images existent plus longtemps », déclare-t-il. Un travail difficile, nécessitant de se plonger dans trois ans de souvenirs, et d’en tirer les plus brillants. « Avec mon ami graphiste, un de mes modèle, nous avons mis un an à réaliser cet ouvrage » se souvient Martin Bertrand. Des monochromes sulfureux des soirées rennaises aux vacances dans les Landes – introduisant de la couleur dans le projet – Si l’on nous voyait immortalise le quotidien d’une bande d’amis. Un bel objet, renfermant l’extravagance de la jeunesse.
Si l’on nous voyait, éditions Martin Lebettre, 26,99 €, 232 p.
© Martin Bertrand