Trois années de fête

13 août 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Trois années de fête
© Martin Bertrand

Dans Si l’on nous voyait, le photographe français Martin Bertrand immortalise les soirées de son groupe d’amis. Un ouvrage immersif, sublimant l’insouciance de la jeunesse.

Prises à l’argentique et à l’iPhone, les photographies de l’ouvrage Si l’on nous voyait forment une mosaïque désordonnée et spontanée. Sur les clichés au grain prononcé, les jeunes boivent, rient, s’amusent avec une insouciance insolente. Un portrait authentique, tracé par Martin Bertrand. « Lorsque j’ai commencé ce projet, j’étais encore en école de photographie et j’avais à peine 18 ans, raconte-t-il. Il était encore difficile de démarrer des séries en parallèle des cours, mais j’avais très envie de créer. Mes seuls moments libres ? Lorsque je sortais avec mes amis. »

C’est naturellement que le photographe de 23 ans venu de Rennes a pris l’habitude de capturer ces moments de détente. Un premier projet qui durera trois ans. Trois ans durant lesquels l’artiste a évolué, et développé son esthétique. « J’ai commencé à l’argentique, et lorsque mon vieux boîtier a rendu l’âme j’ai songé à arrêter. Pourtant, en continuant à sortir et fréquenter mes amis, j’ai ressenti le besoin de photographier davantage. J’ai alors sorti mon iPhone », confie l’auteur. Au fil des années, les images se sont fait plus complexes, déjouant la redondance.

Les nuits bretonnes

Si l’on nous voyait

se lit comme un récit immersif dans le quotidien de ces jeunes. Une histoire simplement racontée, aux antipodes d’un projet documentaire. « On y trouve de tout : des moments de joie, de peine, d’attente… Je ne souhaitais pas montrer la folie de la fête, mais simplement observer », précise Martin Bertrand. Le titre de l’ouvrage renvoie d’ailleurs à cette volonté d’être vu, de révéler des détails intimes, des choses que l’on ne remarque pas forcément. « Il s’agit d’un titre qui m’est venu assez rapidement. Et puis l’utilisation du “on” m’inclut dans l’action », ajoute le photographe, qui est présent sur certaines images.

Car dans cet entremêlement de soirées festives au cœur des nuit bretonnes, l’artiste livre une partie de lui-même. Entouré de ses amis, il photographie avec sincérité son quotidien. Une manière de figer ces instants éphémères. « C’est d’ailleurs pour cette raison que j’en ai fait un livre : une sorte d’archive, qui fait en sorte que ces images existent plus longtemps », déclare-t-il. Un travail difficile, nécessitant de se plonger dans trois ans de souvenirs, et d’en tirer les plus brillants. « Avec mon ami graphiste, un de mes modèle, nous avons mis un an à réaliser cet ouvrage » se souvient Martin Bertrand. Des monochromes sulfureux des soirées rennaises aux vacances dans les Landes – introduisant de la couleur dans le projet – Si l’on nous voyait immortalise le quotidien d’une bande d’amis. Un bel objet, renfermant l’extravagance de la jeunesse.

 

Si l’on nous voyait, éditions Martin Lebettre, 26,99 €, 232 p.

© Martin Bertrand

© Martin Bertrand© Martin Bertrand

© Martin Bertrand

© Martin Bertrand© Martin Bertrand

© Martin Bertrand © Martin Bertrand

© Martin Bertrand© Martin Bertrand

© Martin Bertrand

© Martin Bertrand© Martin Bertrand

© Martin Bertrand © Martin Bertrand

© Martin Bertrand

Explorez
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
© Maurine Tric
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
Pour certain·es artistes, la photographie a un pouvoir cathartique ou une fonction guérisseuse. Iels s'en emparent pour panser les plaies...
19 décembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #523 : Claudia Revidat et Sarah Carrier
© Claudia Revidat
Les coups de cœur #523 : Claudia Revidat et Sarah Carrier
Les sujets de Claudia Revidat et Sarah Carrier, nos coups de cœur de la semaine, se révèlent dans des teintes chaudes. La première...
16 décembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nicolas Serve : en cure et à cri
© Nicolas Serve
Nicolas Serve : en cure et à cri
Dans Les Abîmés, Nicolas Serve poursuit son travail sur la dépendance à certaines substances. Ici, il raconte la cure de désintoxication...
12 décembre 2024   •  
Écrit par Gwénaëlle Fliti
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
© Rebecca Najdowski
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye dévoilent une multitude de dialogues initiés par la photographie.
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
The Color of Money and Trees: portraits de l'Amérique désaxée
©Tony Dočekal. Chad on Skid Row
The Color of Money and Trees: portraits de l’Amérique désaxée
Livre magistral de Tony Dočekal, The Color of Money and Trees aborde les marginalités américaines. Entre le Minnesota et la Californie...
21 décembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
© Prune Phi
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
Du 7 février au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille le festival Paysages mouvants, un temps de réflexion et de découverte dédié à la...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger