« Pour chacune de mes images, la manipulation de textures et le prisme des couleurs s’imposent comme les éléments premiers de mon geste créatif. Dans mes projets personnels, le corps et l’espace questionnent ma relation au vivant – que ce soit à l’autre ou à notre environnement », explique Marjolijn de Groot. Installée en France depuis 1990, la photographe néerlandaise a orienté sa pratique autour des dérives liées à nos modes de consommation, qu’elle perçoit comme des statuts sociaux complexes, exposés au jugement et façonnés par la tolérance d’autrui. « Cela me préoccupe beaucoup. Je suis loin d’être exemplaire, reconnaît-elle. Je change ma manière de faire petit à petit. Je me heurte souvent à des problématiques de conscience. J’espère déclencher une action et une réflexion au quotidien, encourager le monde à refuser les produits suremballés. » À l’image, les êtres et la nature se confondent et s’oublient tantôt dans des drapés de plastique, tantôt entre des bandes de papier doré. Imprégnés par de multiples impressions visuelles, ses clichés s’inspirent des sept années de son enfance passées entre l’Inde et le Pakistan. Les road trips à travers le sous-continent, les étals de marchés, la Holi – cette fête des couleurs hindoue qui célèbre la fertilité et le retour du printemps… « Le rythme de la vie et de ses évènements est rémanent, comme une vision cinématographique en technicolor », assure l’artiste.
© Marjolijn de Groot