Fisheye à ImageSingulières : visite guidée du festival (1/2)

06 juin 2019   •  
Écrit par Julien Hory
Fisheye à ImageSingulières : visite guidée du festival (1/2)
Jusqu’au 16 juin, Sète accueille la 11e édition du festival de photographie documentaire ImageSingulières. Fisheye vous invite dans ses déambulations.

Logé pour la première fois dans le centre de Sète, le festival ImageSingulières offre un panorama de la photographie documentaire. Pas moins de neuf lieux accueillent les œuvres de photographes talentueux qui ont posé leur regard sur notre monde. Dès l’arrivée en gare de Sète, le festival propose deux expositions aux antipodes thermiques. Avec La mort aussi bruyante que la vie, Ronan Guillou a voulu défricher le seul état américain qui n’ait pas eu les honneurs des grands photographes voyageurs : l’Alaska. Dans cette série, il a capté le quotidien atypique des habitants de ce territoire qui peut paraître hostile. Pour certains, il faudrait être fou pour vivre là-bas, et cette folie est palpable dans certains clichés de Ronan Guillou. Juste à côté de la gare, nous arrivons dans la chaleur tropicale de Cuba. Par un accrochage audacieux, l’exposition Regla du photographe italien Nicola Lo Calzo nous fait pénétrer dans le quotidien invisible des Cubains. « J’ai voulu déconstruire le mythe de la révolution et montrer le tribut énorme dont les Cubains doivent s’acquitter. (…) Les gens sont divisés en deux, il y a le discours officiel et le discours personnel. C’est à ce second niveau de relation que j’ai voulu accéder. »

© Ronan Guillou

© à g. Ronan Guillou, et à d. Nicola Lo Calzo

L’O.V.N.I. du festival

Un peu plus loin, l’ancien collège Victor Hugo. Nous voilà au cœur du festival. Outre les rencontres avec les photographes lors des « agoras », le lieu accueille deux expositions. South Side de Jon Lowenstein s’affiche en grand format sur les murs extérieurs du bâtiment et par une projection dans une salle de la cour. Le projet s’intéresse aux habitants de ce quartier de Chicago en état de pauvreté extrême. Il montre le combat quotidien d’une frange de la population pour maintenir un environnement humainement vivable. L’autre exposition est l’O.V.N.I. du festival. Dans Country Of Ambition, le photographe chinois Yan Ming dresse un portrait insolite de son pays. Ses photos aux tonalités douces montrent des situations étranges, inexplicables ou déroutantes. Il trouble notre vision de la normalité et révèle les paradoxes de l’Empire du Milieu.

© Yan Ming© Jon Lowenstein

© à g. Yan Ming, et à d. Jon Lowenstein

L’impact désastreux de l’activité humaine

Le Réservoir, espace dédié à l’art contemporain et aux collectionneurs, abrite lui aussi deux expositions. No Agua, No Vida, de l’Américain John Trotter, s’attache à l’impact désastreux de l’activité humaine sur le fleuve Colorado. Dans ce projet en noir et blanc débuté en 2001, le photographe lauréat du Grand Prix ImagesSingulières l’an passé, a voulu montrer à quel point les populations, les pouvoirs publics et l’industrie méprisent l’eau, ressource essentielle à notre survie. L’exposition colorée du photographe belge Nick Hannes décrit avec une pointe de cynisme et d’humour le ridicule de la société du divertissement à Dubaï. Cette ville des Émirats Arabes Unis célèbre le paraître, l’argent, les excès, la démesure absurde. Dans Garden of delight, série qu’il veut politique, le photographe capte magnifiquement les dérives de « l’ultime terrain de jeu de la mondialisation et du capitalisme… » (Joachim Naudts). À l’instar de John Trotter, le photographe français Mathias Depardon témoigne des ravages subits par nos ressources en eau. Les marais irakiens, le Tigre et l’Euphrate, sont le décor de ses images. Dans des photographies aux couleurs semblables, il chronique cette crise de l’eau due à une mauvaise gestion du patrimoine naturel et aux enjeux stratégiques des régimes en place.

© John Trotter 1© Mathias Depardon 2

© à g. John Trotter, et à d. Mathias Depardon

© Nick Hannes

© Nick Hannes

Image d’ouverture © Yan Ming

Explorez
Fotografia Europea : l'âge des possibles, entre rêves et révoltes
© Vinca Petersen
Fotografia Europea : l’âge des possibles, entre rêves et révoltes
Jusqu'au 8 juin 2025, la ville de Reggio Emilia accueille la 20e édition de Fotografia Europea, un festival qui, cette année, se penche...
24 avril 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Kayla Connors : Ô monde réel
© Kayla Connors
Kayla Connors : Ô monde réel
Puisant son inspiration dans le cinéma, Kayla Connors s’empare des codes de la mode pour conter des histoires singulières, ancrées dans...
24 avril 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d'inspiration »
Le linge, 2021 © Basile Pelletier
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d’inspiration »
Le jeune talent Basile Pelletier, 21 ans, ancien élève de la section art et image de l’école Kourtrajmé, échange avec le photographe...
17 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Fotografia Europea : l'âge des possibles, entre rêves et révoltes
© Vinca Petersen
Fotografia Europea : l’âge des possibles, entre rêves et révoltes
Jusqu'au 8 juin 2025, la ville de Reggio Emilia accueille la 20e édition de Fotografia Europea, un festival qui, cette année, se penche...
24 avril 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Kayla Connors : Ô monde réel
© Kayla Connors
Kayla Connors : Ô monde réel
Puisant son inspiration dans le cinéma, Kayla Connors s’empare des codes de la mode pour conter des histoires singulières, ancrées dans...
24 avril 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
11 séries photographiques qui mettent le Brésil à l’honneur
© Alice Quaresma
11 séries photographiques qui mettent le Brésil à l’honneur
L’année 2025 est marquée par la saison France-Brésil. Ce programme a pour ambition de renforcer les liens entre les deux pays en nouant...
23 avril 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Rephotographier les monts Uinta pour montrer que le changement climatique s’accélère
© William Henry Jackson, 1870 et Joanna Corimanya, Anahi Quezada, et Town Peterson, 2024.
Rephotographier les monts Uinta pour montrer que le changement climatique s’accélère
En septembre 2024, le géologue Jeff Munroe et l’écologiste Joanna Corimanya entreprenaient un trek de 50 kilomètres dans la toundra des...
23 avril 2025   •  
Écrit par Thomas Andrei