« Garden of delight » : Dubaï la décadente s’expose

13 juin 2019   •  
Écrit par Julien Hory
« Garden of delight » :  Dubaï la décadente s'expose

Jusqu’au 30 juin, le Réservoir (Sète) accueille l’exposition de Nick Hannes, Garden of delight. Dans cette série réalisée à Dubaï, le photographe livre sa vision d’une société basée sur le divertissement et l’exploitation. Un travail à découvrir à l’occasion d’ImageSingulières.

« Il ne s’agit pas du marché, mais de la manière dont nous pouvons faire pour mettre Dubaï sur la carte. Il s’agit de construire une marque. » 

Ces mots du sultan Ahmed Bin Sulayem, à l’époque PDG du groupe immobilier Nakheel, résument bien les ambitions du gouvernement de l’Émirat de Dubaï. Conscients de leurs réserves pétrolières limitées, les dirigeants du pays ont lancé sur la ville un vaste programme d’investissements. Des grands travaux qui ont modifié le paysage urbain.

Pôle commercial dans les années 1960, Dubaï est devenu en quelques années la métropole de la démesure et la capitale de l’industrie du divertissement à destination des élites. Avec Garden of delight, le photographe belge Nick Hannes chronique par la satire les dérives de cette société de l’excès. La série présentée pour la première fois en France dans le cadre du festival sétois ImageSingulières, nous montre une ville sans identité née de l’urbanisation hors-sol.

© Nick Hannes

Une œuvre politique

Pour réaliser ce projet autofinancé, Nick Hannes a dû organiser ses voyages très en amont. « La préparation a été très longue. Pour ne pas me retrouver bloqué et ne pas avoir d’ennuis, je me suis assuré d’avoir toutes les autorisations nécessaires auprès de l’administration locale », explique-t-il. Et s’il a parfois détourné son objectif, le photographe a réussi à capter des scènes qui traduisent les écarts de ce monde – entre le faste décadent du centre-ville et les conditions misérables de ceux que ce système exploite. « La société du divertissement détruit la réalité locale, celle des travailleurs presque réduits en esclavage et parqués dans d’immenses zones de baraquements », ajoute le photographe belge.

Dans ce Las Vegas puissance dix, le paraître côtoie l’indécence, et la tradition le mauvais goût. Mais il ne faut pas voir Garden of delight comme une moquerie. Malgré l’absurdité de certaines situations, le photographe réalise une œuvre politique. Cette série nous dit beaucoup des schémas de civilisation issus de la mondialisation. Dans cette société partagée entre les mosquées et les boîtes de nuit, chacun est surveillé et tout est sécurisé. Pour Nick Hannes, « [son] travail parle de la privatisation de l’espace public. À Dubaï, cette privatisation est poussée à l’extrême. Mais en réalité, c’est aussi le cas dans nos sociétés occidentales. Si nous ne prenons pas garde, nous serons dépossédés de nos vies privées », conclut-il.

© Nick Hannes

© Nick Hannes

© Nick Hannes

© Nick Hannes

© Nick Hannes

© Nick Hannes

© Nick Hannes

Explorez
Regards du Grand Paris : six nouveaux noms s’ajoutent à la commande photographique
© Jade Joannès
Regards du Grand Paris : six nouveaux noms s’ajoutent à la commande photographique
Chaque année, six photographes rejoignent la commande nationale Regards du Grand Paris. Comme son nom le suggère, l’initiative entend...
14 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Présidentielle américaine : polarisation maximale
Kamala Harris lors de la convention nationale démocrate américaine à Chicago, le 20 août 2024. © Natalie Keyssar pour le New Yorker.
Présidentielle américaine : polarisation maximale
Au cœur de la campagne électorale, les photojournalistes ont le pouvoir de capturer la puissance de l’Histoire, mais aussi de dévoiler...
14 novembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Apiary : Robin Friend et la fête qui célébrait une tentative d'insurrection
© Robin Friend
Apiary : Robin Friend et la fête qui célébrait une tentative d’insurrection
Dans son second livre, Apiary, Robin Friend poursuit son exploration des étrangetés de la culture britannique. En photographiant les...
12 novembre 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
À PhotoSaintGermain, Tshepiso Mazibuko et Sibusiso Bheka racontent Thokoza
© Sibusiso Bheka
À PhotoSaintGermain, Tshepiso Mazibuko et Sibusiso Bheka racontent Thokoza
L’exposition Ubusukunemini (Day and Night), présentée dans le cadre du festival PhotoSaintGermain, fait dialoguer les travaux des...
12 novembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Cloé Harent remporte le grand prix Tremplin Jeunes Talents 2024 !
© Cloé Harent
Cloé Harent remporte le grand prix Tremplin Jeunes Talents 2024 !
Cette année, le jury de Planches Contact a décoré Cloé Harent du grand prix Tremplin Jeunes Talents qui, comme son nom le suggère...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Regards du Grand Paris : six nouveaux noms s’ajoutent à la commande photographique
© Jade Joannès
Regards du Grand Paris : six nouveaux noms s’ajoutent à la commande photographique
Chaque année, six photographes rejoignent la commande nationale Regards du Grand Paris. Comme son nom le suggère, l’initiative entend...
14 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Présidentielle américaine : polarisation maximale
Kamala Harris lors de la convention nationale démocrate américaine à Chicago, le 20 août 2024. © Natalie Keyssar pour le New Yorker.
Présidentielle américaine : polarisation maximale
Au cœur de la campagne électorale, les photojournalistes ont le pouvoir de capturer la puissance de l’Histoire, mais aussi de dévoiler...
14 novembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La nature infestée de Claudia Fuggetti
Metamorphosis © Claudia Fuggetti
La nature infestée de Claudia Fuggetti
Dans Metamorphosis, Claudia Fuggetti compose les interférences artificielles qui existent entre le monde humain et la nature. Sa...
13 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger