Le photographe français François Prost a lancé sa campagne de préachat pour Gentlemen’s Club, un ouvrage, édité par Fisheye, abritant une collection étonnante : des façades de strip-clubs, shootées aux États-Unis.
Designer et directeur artistique, François Prost s’est fait connaître avec After Party, une série compilant des centaines d’images de façades de discothèques, construites aux quatre coins de la France. Dans ces clichés colorés, shootés en plein jour, les édifices deviennent presque comiques, surréalistes. Comme si, sans le voile de la nuit, leur existence cessait d’avoir du sens. « En observant ces photographies, beaucoup ont pensé qu’elles avaient été réalisées aux États-Unis – grâce à leurs noms, leurs enseignes, leurs architectures, leurs références à une certaine culture du loisir et des parkings », confie l’artiste. Pour cette raison, ce dernier s’est envolé de l’autre côté de l’Atlantique durant six semaines. Là-bas, de Miami à Los Angeles, il s’est attaqué à un autre temple de la « débauche » : les clubs de strip-tease.
Promesses d’un bon temps
« Le rapport que semblent entretenir les Américains avec ces clubs est assez différent de ce que l’on observe en Europe
, explique l’auteur. Il s’agit d’une sortie assez banale, on s’y rend en couple, ou entre amis, les soirs de week-end, pour aller se divertir. Il n’est pas rare, non plus, de pouvoir y déguster une entrecôte de premier choix en assistant à une danse. » Un décor dont l’absurdité fascine François Prost. Comme After Party, ce nouveau volet, intitulé Gentlemen’s Club, prend forme en pleine journée. Capturés sous une lumière solaire, estivale, les bâtiments dénotent. Sur leurs murs, les inscriptions évoquent des promesses fugaces – celles d’un bon temps, d’un fantasme, d’une sexualité à outrance.
C’est en sillonnant le sud du pays que François Prost a réalisé son projet. « J’ai traversé la Floride, avec ses palmiers et ses couleurs pastel, la chaleur humide du Bayou, les pompes de forage et les chapeaux de cow-boys du Texas, le désert et les cactus de l’Arizona et du Nevada, pour finir à Los Angeles », raconte-t-il. Un périple festif contrastant avec le puritanisme de ces territoires. En se concentrant sur les façades, l’auteur invite le regardeur à s’interroger. Que disent ces établissements de nos rapports au genre ? Et à la sexualité ? Entre provocation et austérité, comment ces clubs font-ils la publicité de leur service ? Et quelle clientèle accueille-t-il ? En ne photographiant que leur extérieur, François Prost nous invite à user de notre imagination. Face aux noms aguicheurs – ou tout simplement drôles – « La Chatte », « Lollipops », ou encore « Totally Nude » – il nous faut nous représenter un univers à part, où le sex appeal devient monnaie courante, et où le ridicule cesse d’exister.
Gentlemen’s Club, Éditions Fisheye, 35€, 250 pages. La campagne de préachat est à retrouver ici.
© François Prost