Guerre en Ukraine, Taras Bychko témoigne

18 mars 2022   •  
Écrit par Ana Corderot
Guerre en Ukraine, Taras Bychko témoigne

Nous poursuivons notre engagement auprès des photographes ukrainien·nes en leur offrant un espace de témoignages. Aujourd’hui, c’est Taras Bychko, établi à Lviv (ville située à 70km de la frontière polonaise), qui prend la parole.

« Ce qui se passe actuellement n’est pas un conflit. C’est une guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine. Cela dure depuis 2014 et s’est intensifié dorénavant dans tout le pays. L’objectif de la Russie est de détruire notre peuple libre, s’efforçant de vivre selon des valeurs démocratiques. Nous n’avons jamais fait partie de la Russie ou d’un peuple fraternel − comme ils aiment à le dire. Et jamais nous ne le serons.
Depuis le début de la guerre, mon activité de conservateur de projets photographiques au Centre d’art de Lviv s’est arrêtée. Tout ce qui était familier a disparu. Mon quotidien a cessé d’exister. Nous avons initié une existence dans des conditions de guerre.
Le 8e art me procure de l’optimisme, et ce, depuis toujours… Pendant dix jours, j’ai été contraint d’arrêter de photographier − je n’ai pas eu une telle pause depuis 2015. Même lorsque je suis tombé malade et que je suivais une chimiothérapie. Quand j’ai appris que je n’avais aucune chance de m’en sortir, j’ai donné une interview à Fujifilm (heureusement, les prédictions ne se sont pas révélées exactes). J’aime ma terre et les gens qui m’entourent sans relâche et c’est pour cela qu’il m’est trop difficile de photographier toute cette souffrance. L’inspiration qui me guidait autrefois s’est envolée. J’arrive à me rendre utile en Ukraine en faisant du bénévolat et en redistribuant l’argent que je reçois de la vente de mes images. Maintenant que ma famille est en sécurité en Pologne, j’arrive enfin à prendre de la distance pour me concentrer davantage sur la photographie. Les clichés de la série Rear représentent des lieux de Lviv où, avant toute cette horreur, l’art se déployait. Dorénavant, ce sont des abris pour les réfugié·e·s ou des lieux de tri et de distribution utilisés par les organisations d’aide humanitaire.
Si j’étais devant Poutine, je resterai silencieux. Une balle, c’est plutôt ça qu’il mérite. » 

© Taras Bychko

Rear 1 © Taras Bychko

Explorez
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Valéry Giscard d’Estaing devant sa télévision, le soir de son élection comme président de la République française, Paris, 19 mai 1974 © Marie-Laure de Decker
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Jusqu’au 28 septembre 2025, l’œuvre de Marie-Laure de Decker s’expose à la Maison européenne de la photographie. Au fil de sa carrière...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
© Caroline Sohie
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
Autrefois carrefour de la traite et du commerce colonial, Bagamoyo, sur la côte tanzanienne, juste en face de Zanzibar, est aujourd’hui...
21 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Raymond Depardon, l’éloge du passage
© Raymond Depardon
Raymond Depardon, l’éloge du passage
La Galerie Magnum présente Raymond Depardon : Passages, une rétrospective visible jusqu'au 26 juillet 2025. À travers une...
18 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Le palmarès du prix Picto de la Mode 2025 : la mode au croisement des enjeux contemporains
Symbiose © Arash Khaksari
Le palmarès du prix Picto de la Mode 2025 : la mode au croisement des enjeux contemporains
À l’occasion de la 27e édition du prix Picto de la Photographie de Mode, la cour du Palais Galliera s’est transformée en un lieu...
16 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Valéry Giscard d’Estaing devant sa télévision, le soir de son élection comme président de la République française, Paris, 19 mai 1974 © Marie-Laure de Decker
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Jusqu’au 28 septembre 2025, l’œuvre de Marie-Laure de Decker s’expose à la Maison européenne de la photographie. Au fil de sa carrière...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #548 : Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher
Diversum © Konrad Hellfeuer
Les coups de cœur #548 : Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher
Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher, nos coups de cœur de la semaine, invitent à ralentir, observer et contempler. Interrogeant les thèmes...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 16 juin 2025 : expositions, mode et esthétique variées
Entrelacs © Manon Bailo
Les images de la semaine du 16 juin 2025 : expositions, mode et esthétique variées
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye ont été façonnées par des expositions en cours ou à venir, la remise du prix...
22 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
© Caroline Sohie
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
Autrefois carrefour de la traite et du commerce colonial, Bagamoyo, sur la côte tanzanienne, juste en face de Zanzibar, est aujourd’hui...
21 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas