Du 15 avril au 14 mai se déroulera l’édition 2023 du festival de photographie international Kyotographie. En plein cœur de la ville, une quinzaine d’expositions dévoileront les multiples nuances d’un thème appelant à la créativité : les frontières.
« La vie habite et défend diverses frontières. Ces lignes façonnent notre existence, encadre notre expérience. Elles protègent, détruisent, discriminent, différencient les formes de vie. L’instinct humain nous pousse à évoluer, à faire face à de nouvelles barrières, à créer de nouveaux territoires. Le désir inné de se différencier, de briser ces murs est une véritable force, essentielle à notre survie. En 2023, nous entendons mettre en avant ces frontières, qu’elles soient physiques, éphémères ou transparentes », déclarent Lucille Reyboz et Yusuke Nakanishi, les cofondateurices et codirecteurices de Kyotographie, en guise d’introduction de cette onzième édition. Depuis sa création, le festival international s’est imposé comme un rendez-vous majeur dans le monde de la photographie. Situé au cœur d’un territoire porté par un millénaire d’histoire, l’événement sublime l’image, croisant l’ancestral et le contemporain, la tradition et l’expérimentation.
Cette année, Kyotographie affirme sa volonté d’encourager la création photographique japonaise, tout comme l’échange culturel entre le pays et le reste du monde. Choisissant pour thématique les frontières, l’édition 2023 croise les écritures d’artistes emblématiques et émergent·es, quelles que soient leurs origines. Odes à nos racines, migrations et diasporas, retour à la nature, études sociétales à échelle planétaire… Les invité·es débordent d’idées pour illustrer l’envergure d’un tel sujet.
© Anna Boyiazis
Un voyage au cœur de nombreux imaginaires
Photographe suisse, Roger Eberhard met en image une curieuse pratique de son territoire d’origine : la collection de languettes de petits pots de crème. Révélant, à l’aide de zooms, les paysages exotiques imprimés sur ces couvercles, il imagine un curieux voyage à travers différentes régions. Faisant lui aussi rimer poésie et bizarrerie, le grand Boris Mikhailov présente Yesterday’s Sandwich, une série faisant apparaître des « doubles instants » en superposant – à la manière du repas – divers éléments les uns sur les autres. Une façon singulière de révéler les nuances de notre société.
Couronnée par de nombreux prix pour sa série Ça va aller, Joana Choumali, installée à Abidjan en Côte d’Ivoire, dévoile à Kyotographie deux travaux exclusifs, inspirés à nouveau par son héritage. Croisant les médiums, elle infuse sa photographie d’arts divers pour mieux représenter la complexité de son propre territoire. Amoureux de la nature, Yu Yamauchi s’immerge quant à lui dans les montagnes Mongoliennes, passant plusieurs semaines en isolation pour s’imprégner de l’atmosphère magique des lieux. Loin de toute civilisation, il fait de la végétation sa protagoniste et interroge, en contrepoint, notre place dans l’univers. De l’humour à l’engagement, de l’excentrisme à la contemplation, cette nouvelle édition de Kyotographie promet un voyage splendide au cœur de nombreux imaginaires. Un périple magnifié par le cadre somptueux qui l’accueille.
© Boris Mikhailov
© à g. Dennis Morris, à d. Gak Yamada
© Joana Choumali
© à g. Yu Yamauchi, à d. Making of Escapism, 2022, various Swiss coffee-cream lids, Roger Eberhard
© Kazuhiko Matsumura © Kyoto Shimbun Newspaper
Image d’ouverture : © Boris Mikhailov