Woensdrecht, 2007. © Nicolas Descottes.
Posé au centre d’une piste en béton, un hélicoptère brûle. Un bouquet de flammes lèche son rotor d’acier rouillé. Derrière le voile de fumée qui enveloppe déjà l’appareil, s’estompe le rideau d’arbres bordant le tarmac. Mais ici, ni détresse ni victimes. L’hélicoptère est factice, il appartient au Centre d’entraînement incendie de la base aérienne de Woensdrecht, aux Pays-Bas. Et la photo, elle, fait partie de la série Collisions du photographe Nicolas Descottes.
Collisions a vu le jour en 2005 au centre de simulation de catastrophes de Maasvlakte, aux Pays-Bas, avant de se poursuivre dans plusieurs centres similaires à travers l’Europe – Espagne, Angleterre, Suède, France –, renforçant peu à peu le goût du photographe pour ces scènes de destruction organisée. Hélicoptères en flammes, cargos factices, camions-citernes maculés de mousse à émulsion, c’est dans ces centres de simulation et d’entraînement aux airs de futur post-apocayptique que la science des transports imagine le pire et se prépare à y faire face. “Ces lieux sont de vrais théâtres de dramaturgie : il y a un réel danger, mais on reste toujours dans la mise en scène. La fiction et le réel sont ici en subtil équilibre.”
“Il y a encore un endroit en Bretagne où j’aimerais aller, un simulateur aéronautique pour pilotes et hôtesses, mais les demandes d’autorisation, très compliquées, traînent depuis six mois…” En attendant, le photographe poursuit un travail sur les hôpitaux en cours d’aménagement entamé en 2009 à Paris et à Argenteuil, une déambulation baignée de néon blafard entre couloirs abandonnés et machines d’acier endormies. Un travail clinique. “Là encore, c’est la mise en scène théâtrale qui m’intéresse, le fait de travailler sur ces machines incroyables mais encore en construction. Il y a un côté très science-fiction, on pense à Solaris, ou à Stalker de Tarkovski.” C.T.