MYOP in Arles 2022 : dans l’effervescence de la création

05 juillet 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
MYOP in Arles 2022 : dans l’effervescence de la création

MYOP s’installe à nouveau au cœur de la cour de l’Archevêché d’Arles, du 4 au 9 juillet. Au programme ? DJ sets, concerts, lectures, podcasts… Et une toute nouvelle exposition sobrement intitulée Travaux en cours.

Rendez-vous désormais traditionnel

de la première semaine des Rencontres, MYOP in Arles réinvestit cette année encore la cour de l’Archevêché. Un « espace de soleil et de poussière proposant une librairie, une scène ouverte et l’exposition de 22 regards », comme l’affirment les membres de l’agence. Cette année, entre lectures, podcasts live, concerts et autres DJ sets, les photographes de MYOP ont choisi de révéler leur vulnérabilité. Le titre de leur accrochage collectif ? Travaux en cours. Une manière pour les auteurs et autrices de donner à voir leur processus créatif, les expérimentations et les tâtonnements qui composent les séries. Car pour tous et toutes les photographes de MYOP, les images exposées forment un projet en réalisation. Un croquis d’un tout qui sera ensuite abouti. Une belle manière de renforcer les liens au public, en lui permettant de pénétrer dans les coulisses, dans l’envers du décor, là où les trucs et astuces qui convoquent la magie sont mis à nu. Et ce chantier est également l’occasion de découvrir les clichés des dernières recrues de l’agence : Laurence Geai, Zen Lefort, Michel Slomka, Adrienne Surprenant et Chloé Sharrock. De nouvelles écritures venant développer davantage la portée des récits proposés.

© Ed Alcock / Myop© France Keyser / Myop

©  à g. Ed Alcock / à d. France Keyser / Myop

Cheminements du moment

Divisée en quatre chapitres – le premier consacré aux projets d’édition, le second à What’s up, un projet de l’agence, le troisième aux séries documentaires et le dernier à la guerre en Ukraine – Travaux en cours révèle donc la diversité des membres de MYOP. Entre travail de mémoire et souvenirs intimes, voyages et engagements en terres étranges, les photographes affichent ici les thématiques qui leur tiennent à cœur. Dans la lignée de son travail sur le Royaume-Uni, au lendemain de l’annonce du Brexit, Ed Alcock s’interroge aujourd’hui sur « la façon dont le paysage est étroitement lié à l’identité nationale ». « Les poètes, les écrivains et les artistes sont inspirés par des sites de beauté naturelle, de puissance industrielle ou militaire. Les œuvres qu’ils produisent deviennent un moyen puissant de maintenir et de célébrer le sentiment d’identité d’un peuple », poursuit-il. Olivier Laban-Mattei et Lisandru Laban-Giuliani s’intéressent quant à eux au quotidien des Groenlandais, habitué·es des aléas climatiques depuis des siècles. Leur résilience impressionnante est cependant aujourd’hui mise à mal par l’incertitude de notre futur. Un conte poétique et monochrome interrogeant l’urgence climatique.

© Agnès Dherbeys / Myop© Ulrich Lebeuf / Myop

© à g. Agnès Dherbeys, à d. Ulrich Lebeuf / Myop

« Sur les 156 242 orphelins coréens listés entre 1953 et 2004, 15 000 ont été accueillis en France. J’étais l’une d’entre eux »,

déclare Agnès Dherbeys. En 2013, elle développait Omone, une immersion dans ses origines et les piliers de son identité. Dans Donne-moi un sens de toi, l’autrice fait cette fois le portrait des femmes de son village de naissance, et redonne une voix à des êtres laissés sous silence. Après s’être envolé vers New York pour rejoindre sa compagne Sheila, une jeune Américaine, Alain Keler poursuit son épopée du continent dans son hémisphère sud. En août 1973, il voyage au Mexique et débute son périple en terres latines. Une aventure qu’il immortalise dans America, Americas Latina.

Enfin, en écho aux tristes événements ayant secoué l’année 2022, Chloé Sharrock fait de Fragments un hommage poignant aux victimes de la guerre en Ukraine. « J’ai toujours puisé mon inspiration photographique dans des tableaux de grands maîtres, confie-t-elle. Mais face à la violence de corps morts, j’ai réalisé que cette fois-ci, mes photos ne pouvaient pas prétendre aux mêmes aspirations représentatives. » Bouleversée, elle réimagine ses compositions, son goût pour l’esthétisme pour parvenir à montrer la violence sans jamais la figer de front. Adrienne Surprenant, quant à elle, révèle les infimes moments d’humanité dans l’horreur du conflit. Avec sensibilité, la reporter parvient à capter les hommages silencieux, les gestes de réconforts, les instants d’entraide qui forment des ilots de douceur presque surréels dans un univers où toute trace de compassion semble avoir disparu. Ainsi, d’histoire en histoire, d’espace en espace, les photographes de MYOP partagent leurs explorations, leur cheminement du moment. Un exercice inédit à découvrir du 4 au 9 juillet.

© Olivier Laban-Mattei / Myop© Adrienne Surprenant / Myop

© à g. Olivier Laban-Mattei, à d. Adrienne Surprenant / Myop

© Olivier Monge / Myop© Michel Slomka / Myop

© à g. Olivier Monge, à d. Michel Slomka / Myop

© Laurence Geai / Myop© Pascal Maitre / Myop

© à g. Laurence Geai, à d. Pascal Maitre / Myop

© Guillaume Binet / Myop© Julien Pebrel / Myop

© à g. Guillaume Binet, à d. Julien Pebrel / Myop

© Oan Kim / Myop© Pierre Hybre / Myop

© à g. Oan Kim, à d. Pierre Hybre / Myop

© Stéphane Lagoutte / Myop© Olivier Jobard / Myop

© à g. Stéphane Lagoutte, à d. Olivier Jobard / Myop

© Zen Lefort / Myop© Alain Keler / Myop

© à g. Zen Lefort, à d. Alain Keler / Myop

© Chloé Sharrock / Myop© Julien Daniel / Myop

© à g. Chloé Sharrock, à d. Julien Daniel / Myop

© Marie Dorigny / Myop© Jean Larive / Myop

© à g. Marie Dorigny, à d. Jean Larive / Myop

Image d’ouverture : © Olivier Laban-Mattei / Myop

Explorez
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
On Mass Hysteria : étude d'une résistance physique contre l'oppression
CASE PIECE #1 CHALCO, (Case 1, Mexico, On Mass Hysteria), 2023, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris © Laia Abril
On Mass Hysteria : étude d’une résistance physique contre l’oppression
À travers l’exposition On Mass Hysteria - Une histoire de la misogynie, présentée au Bal jusqu’au 18 mai 2025, l’artiste catalane...
19 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Tisser des liens, capter des mondes : le regard de Noémie de Bellaigue
© Noémie de Bellaigue
Tisser des liens, capter des mondes : le regard de Noémie de Bellaigue
Photographe et journaliste, Noémie de Bellaigue capture des récits intimes à travers ses images, tissant des liens avec celles et ceux...
15 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Faits divers : savoir mener l’enquête
© Claude Closky, Soucoupe volante, rue Pierre Dupont (6), 1996.
Faits divers : savoir mener l’enquête
Au Mac Val, à Vitry-sur-Seine (94), l’exposition collective Faits divers – Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse...
13 février 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina