Lauréat du Prix Maison Ruinart, Matthieu Gafsou exposera, durant le 25e anniversaire de Paris Photo sa série Cette constante brûlure de l’air. Réalisée en Champagne, celle-ci révèle les impuretés invisibles de notre monde.
Depuis sa création, en 2018, le Prix Maison Ruinart, remis avec le soutien de la Fondation Picto, distingue un ou une photographe émergent·e faisant partie du secteur Curiosa de Paris Photo – dédié à la jeune création. Cette année, cette récompense est attribuée à Matthieu Gafsou. Installé à Lausanne, l’auteur s’intéresse depuis plusieurs années aux évolutions de notre société, comme de notre environnement. Transhumanisme, réchauffement climatique, perte de lien à la nature… À travers une écriture complexe, croisant plusieurs esthétiques et expérimentations, il donne à voir le visage d’un monde en plein effondrement.
Se rapprocher du sublime
Pour réaliser Cette constante brûlure de l’air, fruit de sa résidence en Champagne cet été, l’artiste s’est donc naturellement inspiré de la nature et des humains gravitant autour de la Maison Ruinart. Jouant avec le pétrole brut, il révèle, à travers ses clichés, l’invisible, l’abimé. Un paradoxe propre à notre temps : les choses qui changent demeurent difficilement perceptibles. « L’effet visuel produit par cet improbable virage traduit, me semble-t-il, assez bien les conséquences du pétrole sur notre milieu : à savoir une contamination non pas localisée, mais globale. Visuellement, on voit bien qu’il y a quelque chose de “sale”, et en même temps, cette saleté produit un effet qui peut aussi se rapprocher du sublime », commente Matthieu Gafsou. En contemplant ces images, on ressent alors une certaine inquiétude face à l’inéluctable. Un effroi que le photographe compare à « cette puissance destructrice que l’on allait chercher au 19e siècle dans les montagnes ou les océans ». Une série mêlant esthétisme et engagement à découvrir durant Paris Photo, du 8 au 12 novembre.
© Matthieu Gafsou / Courtoisie Galerie C / Ruinart