Renato D’Agostin ou l’art de sublimer le chaos

25 juin 2019   •  
Écrit par Anaïs Viand
Renato D’Agostin ou l'art de sublimer le chaos

Avec Harmony of Chaos, le photographe italien Renato D’Agostin propose un projet plastique et abstrait sur Shanghai. Une réflexion grand format sur la condition humaine.

Huit ans. Voici le temps qu’il aura fallu à Renato D’Agostin pour venir à bout de son projet Harmony of Chaos. Une gestation liée à son rapport particulier à la matière. En 2018, ce photographe italien jusqu’alors établi à New York déménage près de Venise et rachète un entrepôt afin de le convertir en chambre noir sur mesure. Son objectif ? Traduire la sensation de claustrophobie ressentie à Sanghai. « Seul un très grand tirage pouvait traduire ce sentiment », confie l’artiste. Un changement d’échelle indispensable pour symboliser la surcroissance urbaine en Chine et le sentiment d’anxiété associé aux mégalopoles. « J’ai poussé le processus de développement à l’extrême en exposant sur une feuille de papier une multitude de vues issues d’un même négatif pour recréer cette sensation de ruche en mouvement perpétuel, précise-t-il. C’est un projet qui me permet de découvrir de nouvelles possibilités en photographie, de décoder un vocabulaire jusque-là inexploré », explique ce dernier.

Analyser l’étendue des possibilités humaines

À l’image de Shanghai, le processus de création suivi par Renato D’Agostin est démentiel. Et pourtant, il signe ici un simple portrait de la ville chinoise. Un portrait sensoriel dont chaque spectateur peut s’emparer. Devant ses images noir et blanc texturées, parfois, les silences s’entremêlent et s’étirent. Quant aux parvis et ciels ? Ils ne font plus qu’un… Le photographe a réussi à capturer les vibrations verticales, avec impertinence et élégance. Abstrait ou artificiel, le paysage qu’il retranscrit ici est un prétexte pour analyser l’étendue des possibilités humaines. Car les ruelles que nous parcourons à la Galerie Thierry Bigaignon sont transposables aux nôtres… Que devient l’homme dans ce décor urbain anxiogène et soumis aux mutations urbaines ? Ne risque-t-il pas de se perdre ? Une chose est certaine, Renato D’Agostin signe ici un projet inédit. Cette immersion inhabituelle au cœur de la Perle de l’Orient se prolonge par un ouvrage majestueux co-édité par the (M) éditions et Quants, au format 55x40cm, lui aussi démesuré.

Jusq’au 31 août 2019, à la Galerie Thierry Bigaignon.

© Renato-D'Agostin / Courtesy Galerie Thiery Bigaignon© Renato-D'Agostin / Courtesy Galerie Thiery Bigaignon

© Renato-D'Agostin / Courtesy Galerie Thiery Bigaignon

© Renato-D’Agostin / Courtesy Galerie Thiery Bigaignon

Explorez
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
© Caroline Sohie
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
Autrefois carrefour de la traite et du commerce colonial, Bagamoyo, sur la côte tanzanienne, juste en face de Zanzibar, est aujourd’hui...
21 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Raymond Depardon, l’éloge du passage
© Raymond Depardon
Raymond Depardon, l’éloge du passage
La Galerie Magnum présente Raymond Depardon : Passages, une rétrospective visible jusqu'au 26 juillet 2025. À travers une...
18 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Le palmarès du prix Picto de la Mode 2025 : la mode au croisement des enjeux contemporains
Symbiose © Arash Khaksari
Le palmarès du prix Picto de la Mode 2025 : la mode au croisement des enjeux contemporains
À l’occasion de la 27e édition du prix Picto de la Photographie de Mode, la cour du Palais Galliera s’est transformée en un lieu...
16 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Alex Bex révèle la sensibilité des cowboys texans
Intermission (Big Foot, Texas), de la série Memories of Dust © Alex Bex, France, 3rd Place, Professional competition, Documentary Projects, Sony World Photography Awards 2025.
Alex Bex révèle la sensibilité des cowboys texans
Avec sa série Memories of Dust, le photographe franco-texan Alex Bex ébranle les codes de la masculinité dans les ranchs de cowboys au...
13 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 16 juin 2025 : expositions, mode et esthétique variées
Entrelacs © Manon Bailo
Les images de la semaine du 16 juin 2025 : expositions, mode et esthétique variées
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye ont été façonnées par des expositions en cours ou à venir, la remise du prix...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
© Caroline Sohie
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
Autrefois carrefour de la traite et du commerce colonial, Bagamoyo, sur la côte tanzanienne, juste en face de Zanzibar, est aujourd’hui...
21 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
© Isabel Muñoz
Isabel Muñoz à Portrait(s) : le corps en majesté
Jusqu'au 28 septembre 2025, le festival Portrait(s) accueille une rétrospective d’Isabel Muñoz, grande figure de la photographie...
20 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
Les membres originaux du groupe Oasis, Japon, 1994 © Dennis Morris
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
En ce premier jour de l’été, partout en France, la musique est à l’honneur. À cet effet, nous vous avons sélectionné une série de...
20 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine