« Un désir sauvage ». Le travail de Mélanie Desriaux répond à cet impératif. C’est un instinct qui la guide et la pousse à franchir ses propres limites. Il y a deux ans, la jeune femme embarque sur un vol direction les États-Unis. Sa série La conquête n’est alors qu’un bruissement dont l’écho jaillira au fin fond de l’Ouest américain. Car ce travail est né d’une heureuse découverte, lorsque Mélanie lit la correspondance de Calamity Jane et sa fille .« Je venais de rentrer de ce premier voyage aux États-Unis. Lorsque je suis tombée sur ces lettres, je me suis projetée dans cette histoire, ça a été assez dingue », raconte la photographe. Elle décide de retourner en Amérique et de suivre, comme Calamity Jane, la fameuse piste de l’Oregon, la route des chercheurs d’or.
« Ce qui est fascinant dans ce paysage, c’est cette impression d’être à la fois sur les traces de l’Histoire et dans un western de Sergio Leone. » Une atmosphère particulière qui répond aussi à l’approche artistique de Mélanie. « Mon travail se situe entre le documentaire et une forme de narration fictionnelle. » La jeune femme se rappelle une anecdote qui a marqué le début de son périple.
« J’ai commencé par beaucoup rouler à Kansas City mais je n’étais pas inspirée par cette ville et je peinais à faire des images. La rivière Missouri n’était pas loin. Je m’y suis rendue et alors que j’arpentais une forêt qui surplombait le fleuve, une biche a croisé mon chemin. C’était merveilleux. Je me suis dit alors que c’était bien le début de mon voyage. »
À la conquête de l’autre
Sa solitude l’inspire pour créer les images qui traduiront cet esprit d’expédition. Elle cite le photographe Nicolas Bouvier qui dans son ouvrage L’usage du monde, écrit : « Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace dans ce vide qu’on porte en soi, devant cette espèce d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer [et qui est] peut-être notre moteur le plus sûr.»
Ainsi Mélanie, munie de son boîtier fétiche – un Voigtlander moyen-format – part à la rencontre des gens. Des enfants qu’elle a photographié à Red Cloud, jusqu’à ce groupe de copains esseulés croisés au bord de la Snake River, la jeune femme explore l’altérité car ce qui l’intéresse, « c’est de conquérir le réel. C’est en rencontrant les autres que j’ouvre mon champ de perception. La photo est pour un moi un outil d’arpentage et de convocation du réel. »
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→ Découvrez l’ensemble du travail de Mélanie sur son site : melaniedesriaux.net