Du 28 août au 26 septembre 2021 se tiendra la 33e édition du festival Visa pour l’image. L’occasion de découvrir la programmation, profondément influencée par l’état actuel de notre monde.
« Nous avions la fierté, l’an dernier, d’avoir maintenu une édition du festival. Cette année, nous espérons que les conditions sanitaires vont permettre d’organiser l’événement dans sa grande tenue : avec ses expositions, ses projections, ses débats, ses portfolios… Tous les éléments qui contribuent à l’effervescence nécessaire, au cœur d’une période marquée par la fureur du monde comme par son humanité »,
annonçait Renaud Donnedieu de Vabres, président de l’association Visa pour l’Image, lors de la conférence de presse, qui s’est tenue le 18 mai 2021. Alors que la France entame le long processus du déconfinement, c’est un vent d’espoir qui souffle sur cette 33e édition du festival.
Du 28 août au 12 septembre, 25 expositions ouvriront leur porte à Perpignan, pour célébrer le métier de photojournaliste. En parallèle, six projections et de nombreuses récompenses – six Visas d’or, trois bourses et cinq prix photographiques – seront remises aux auteurs. Un prolongement de ces événements sera également organisé à La Villette en septembre et octobre 2021. Une manière de partager les différents reportages avec le public de la capitale. Un seul rendez-vous virtuel demeure : les rencontres organisées par Canon, destinées aux photographes qui ne peuvent pas se déplacer.
© Éric Bouvet
Une nécessité : celle d’informer
Entre souffrance et légèreté, évasion et familiarité, l’édition 2021 de Visa pour l’Image entend faire un état de notre monde actuel. Travaillant pour The Associated Press, Nariman El-Mofty s’intéresse à un génocide peu relayé par les médias : celui des Tigréens par le gouvernement éthiopien. Des affrontements qui conduisent l’ethnie à se réfugier au Soudan. Inspirés par la crise sanitaire, les photographes de l’agence MYOP se sont rendus au Bangladesh, au Liban, en Équateur, en Haïti ou encore en Ouganda pour documenter la situation des réfugiés et déplacés, qui doivent, en plus des dangers de la migration, faire face à la pandémie. Pour la première fois dans l’histoire de Visa, un photographe anonyme dévoile ses images de la « révolution du printemps » en Birmanie, pays en proie à une répression meurtrière. Une identité gardée secrète pour des raisons de sécurité. Enfin, Guillaume Herbaut annonce son retour au festival avec Ve, un projet centré autour de la République française au bord de l’asphyxie – entre effondrement économique, attaques terroristes, crise des gilets jaunes et pandémie.
Mais cette 33e édition est aussi prétexte à découvrir des projets plus légers, témoignant d’un besoin de s’évader, de découvrir, en cette sombre période. Avec Bonne vie à deux : Haïti pour le meilleur et pour le pire, Valérie Baeriswyl documente le mariage dans le pays caribéen. Une cérémonie qui, en raison de son coût, conduit les amoureux à rivaliser d’ingéniosité pour parvenir à l’organiser. Jérôme Gence propose quant à lui, avec Télétravail : Allô bureau bobo, une immersion dans le quotidien des digital nomads, ces jeunes occidentaux qui ont fui leur France d’origine pour travailler en coworking et à distance sous le soleil et les cocotiers. Une autre manière d’appréhender la Covid-19. Enfin, avec un humour grinçant, Gabriele Galimberti explore la fascination des Américains pour les armes dans The Ameriguns. Une série née d’un constat glaçant : aux États-Unis, on trouve 393 millions d’armes à feu pour 328 millions d’habitants. Guerres, crises humanitaires et sanitaires, réchauffement climatique… Si notre planète fait face à un flot incessant de catastrophes, les photographes présents, cette année, à Visa pour l’image rapportent de leurs voyages une nécessité : celle d’informer – avec gravité, dérision, ou sensibilité.
© Photographe anonyme en Birmanie pour The New York Times
© Guillaume Herbaut / Agence VU’
© Abir Abdullah
© Antoine Agoudjian
Image d’ouverture : © Guillaume Herbaut / Agence VU’