Le gigantesque Anonymous Project avait pour ambition de collecter et numériser d’anciennes photos de famille afin d’immortaliser des scènes de vie des années 1930 à 1990. L’association dévoile enfin sa collection de diapositives, drôles, maladroites et délicieusement vintage, lors de sa première exposition, à l’Espace Beaurepaire, du 24 janvier au 4 février.
Épargnée par l’ère numérique, la seconde moitié du XXe siècle demeure dans nos souvenirs. Loin des banques d’images pixellisées, ultra-modernes et impérissables, celui-ci est illustré par des photographies de famille, clichés amateurs et souvent spontanés, pleins de charme et de maladresse. Car depuis le début des années 1960, époque où la photographie couleur se démocratise et jusqu’à la fin des années 1990, avec l’arrivée des appareils numériques, la photo s’est imposée comme un moyen simple de saisir la vie quotidienne. Hélas, ces instants de vie, immortalisés par les couleurs vives du Kodachrome, prennent la poussière, cachés dans les tiroirs à l’abri des regards, visant sans doute à se faire oublier.
Une marée photographique
Inquiets et nostalgiques, deux passionnés d’arts visuels, Lee Shulman et Emmanuelle Halkin, lancent une bouteille à la mer pour sauver ces décennies de l’oubli. Ils demandent au public de leur envoyer ces fameuses diapositives et les négatifs couleurs qui traînent chez eux ou dans les brocantes et qui se dégradent vite avec le temps. Ils les collectent, les restaurent et les numérisent. C’est le succès : près de 400 000 diapositives se bousculent sous leurs yeux et leur fonds édité, contenant pour l’instant 5 500 images, ne cesse de s’agrandir. Exaltés, Lee Shulman et Emmanuelle Halkin se mettent à trier ces images par thème, formant des familles de mémoire collective débordant d’innocence et d’originalité. Une véritable encyclopédie de notre passé se révèle alors, au fur et à mesure des envois, passionnante et unique en son genre. Elle est à découvrir lors de la première exposition du projet, The Anonymous Project #1, à l’Espace Beaurepaire, Paris 10e, jusqu’au 4 février.
© The Anonymous Project