#boza : un selfie poignant de la traversée des migrants

17 mars 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
#boza : un selfie poignant de la traversée des migrants

Les photographes et réalisatrices Séverine Sajous et Anna Surinyach ont réalisé le court-métrage #boza. Une collection de témoignages, construite comme un « selfie collectif », donnant la parole aux migrants qui traversent la Méditerranée.

« Nous sommes deux photographes et réalisatrices qui, depuis plusieurs années, documentent la migration sur les différents continents, chacune à notre manière »,

déclarent les autrices de #boza. L’une, Anna Surinyach, est photographe documentaire, qui a voyagé au Soudan, Nigeria, Yémen ou encore en Syrie pour documenter le quotidien des migrants. Elle se concentre aujourd’hui sur la situation des femmes migrantes, fuyant la violence, la pauvreté, et le manque d’opportunité. L’autre, Séverine Sajous, photographe, réalisatrice et linguiste, travaille en collaboration avec ses modèles pour les aider à s’exprimer. Elle cofonde, en 2015, l’association Jungleye, qui cherche à constituer une mémoire visuelle de l’exil, en donnant la parole aux migrants et réfugiés. Ensemble, elles ont réalisé #boza. Un court-métrage de 17 minutes imaginé à la première personne. Entre vidéos et selfies, les sujets – Alhassane, Aminata, Mamadou, Mariam et Yahya – se confient, se dévoilent, et tissent un récit complet de leur périple, de l’espoir d’une vie meilleure aux premiers pas dans un nouveau territoire.

#boza © Séverine Sajous et Anna Surinyach

Une tentative d’écoute

Dans #boza, le rapport à la photographie, au smartphone rythme l’histoire, comme il régit le quotidien des migrants. Un outil essentiel, leur permettant de dialoguer avec leurs proches, laissés derrière eux. « Dans ce court-métrage, nous interrogeons la manière dont la migration est couverte par les médias. La narration la plus commune est celle d’un migrant survivant dans des conditions extrêmes, souffrant d’un stress terrible, au bord de la frontière. Nous avons réalisé que ces images ne provoquent souvent qu’une réaction brève, vite oubliée », expliquent les réalisatrices. Pensé comme une série d’autoportraits en mouvements, #boza explore donc une nouvelle manière de mettre en image l’exil. Une représentation contemporaine, influencée par les réseaux sociaux et la technologie. « Il n’y a pas de voix off dans ce film, nous ne donnons pas une voix aux migrants. Au contraire, il s’agit plutôt d’une tentative d’écoute », ajoutent-elles.

« Pour moi, le mot boza, c’est la liberté. » « Boza, je crois que c’est un risque. » « C’est une victoire courte, positive et négative. » « Un jour, on te dit que c’est le dernier jour. Tu ne vas plus jamais vivre la vie que tu menais avant. » « Chacun donne sa définition. C’est le mot qui traverse les barrières et les frontières. » Terme crié sur les bateaux, au large de la Méditerranée, boza est synonyme de joie, de soulagement, mais aussi de craintes. Comment se reconstruire, lorsqu’on fuit sa terre natale ? Qu’est-ce que l’avenir nous réserve ? Au fil des microtémoignages, aussi bruts que sincères, le court-métrage parvient à saisir la gravité des enjeux liés à la migration. Une compilation de paroles brillant par leur authenticité.

 

Plus d’informations sur le court-métrage ici

#boza © Séverine Sajous et Anna Surinyach#boza © Séverine Sajous et Anna Surinyach

#boza © Séverine Sajous et Anna Surinyach

#boza © Séverine Sajous et Anna Surinyach#boza © Séverine Sajous et Anna Surinyach

#boza © Séverine Sajous et Anna Surinyach

Explorez
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
© Annie Leibovitz
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
À l’occasion de la cinquième édition d’Exporama, la Collection Pinault fait halte à Rennes avec une exposition magistrale sur le...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Le  7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
© Omar Victor Diop
Le 7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
Troisième invité du cycle "Le 7 à 9 de CHANEL", le photographe sénégalais Omar Victor Diop a offert au public du Jeu de Paume un moment...
30 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
À l'Abbaye de Jumièges, la Tunisie tisse son histoire
Série « Intimité brodée », projet « Woven Window », 2024 © Asma Ben Aïssa
À l'Abbaye de Jumièges, la Tunisie tisse son histoire
Célébrant dix ans de coopération avec la Tunisie, le département de la Seine-Maritime met en lumière le travail de onze artistes de la...
28 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Mondes en commun : le musée Albert Kahn sème un inventaire photo dans son jardin
Siân Davey, The Garden XXIII, 2023
Mondes en commun : le musée Albert Kahn sème un inventaire photo dans son jardin
Jusqu’au 7 septembre 2025, le musée Albert Kahn présente la deuxième édition de son festival de photographie contemporaine Mondes en...
23 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
© Annie Leibovitz
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
À l’occasion de la cinquième édition d’Exporama, la Collection Pinault fait halte à Rennes avec une exposition magistrale sur le...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Le  7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
© Omar Victor Diop
Le 7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
Troisième invité du cycle "Le 7 à 9 de CHANEL", le photographe sénégalais Omar Victor Diop a offert au public du Jeu de Paume un moment...
30 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
29 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Sidewalk Stills © Charles Negre
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Dans Sidewalk Stills, le photographe français Charles Negre offre un regard sensible sur les déchets qui parsèment les sols des marchés...
29 mai 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas