À la recherche de l’âme berlinoise

09 janvier 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
À la recherche de l’âme berlinoise

Pour réaliser The end of the line, le photographe Renato Silva s’est rendu dans les banlieues berlinoises à la recherche d’une culture traditionnelle en voie de disparition. Une série interrogeant les conséquences de la mondialisation.

En 2008, ses diplômes de direction artistique et d’art, communication et design en poche, Renato Silva, photographe d’origine portugaise, s’est installé à Berlin. Fasciné depuis son enfance par le 8e art, c’est à travers le documentaire que l’auteur s’exprime. En shootant à l’argentique, de manière réfléchie, il s’immerge dans ses projets, à la recherche de la composition parfaite.

La série The end of the line a vu le jour en 2012. « Je voulais réaliser un portrait de Berlin depuis un certain temps déjà, mais je ne savais pas par où commencer. Je ne souhaitais pas photographier le centre de la capitale – qui est déjà beaucoup trop connu à mon goût – j’ai donc décidé de laisser les trains me guider jusqu’aux banlieues », raconte Renato Silva. En suivant les lignes U et S du métro allemand jusqu’à leur terminus, l’artiste s’est perdu dans des petites villes inconnues nichées en périphérie de la capitale, se laissant guider par son instinct, à la recherche d’une âme berlinoise quelque peu perdue.

© Renato Silva© Renato Silva

Un autre visage de Berlin

Chaque jour, près de 500 000 touristes découvrent le cœur de Berlin. Les quartiers centraux sont pris d’assaut par les étrangers venus s’installer en Allemagne, et l’anglais est presque couramment parlé. Un melting pot propagé par la mondialisation qui ne ravit pas toujours les habitants de la ville. « Berlin change très rapidement. Les loyers augmentent à une vitesse folle, l’art et la culture sont délaissés, et la gentrification est très problématique. La ville perd son identité, son charme qui poussaient autrefois les gens à venir s’y installer », déclare le photographe, qui s’interroge : pourquoi les nouveaux arrivants ne s’intéressent-ils pas à la périphérie ?

Loin du bruit du centre-ville, Renato Silva s’est enfoncé dans ces banlieues peuplées par une population vieillissante. « Je pouvais y passer des heures, des jours, ou même des semaines. C’était un travail difficile, mais gratifiant : il me paraissait indispensable de développer un tel projet », confie-t-il. Au cœur de ses déambulations, il découvre un autre visage de Berlin, plus discret et pourtant plus traditionnel. Des lieux entendant garder précieusement leur propre identité. « Dans la capitale, les gens sont plus ouverts au changement, ici, pourtant, les préjugés et le racisme demeurent », commente l’auteur. Un portrait brut et honnête d’une ville européenne, tiraillée entre sa propre histoire et sa place dans un monde en perpétuelle évolution.

© Renato Silva© Renato Silva
© Renato Silva© Renato Silva
© Renato Silva© Renato Silva
© Renato Silva© Renato Silva

© Renato Silva

Explorez
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d'inspiration »
Le linge, 2021 © Basile Pelletier
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d’inspiration »
Le jeune talent Basile Pelletier, 21 ans, ancien élève de la section art et image de l’école Kourtrajmé, échange avec le photographe...
17 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
© Piotr Pietrus / Instagram
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine font résistance. Résistance contre l’oppression, contre les diktats, contre les...
15 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
© Olivia Gay
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
La quatrième édition de Fotohaus Bordeaux a commencé. Jusqu’au 27 avril 2025, l’Hôtel de Ragueneau accueille l’événement qui, cette...
12 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dans l'œil de SMITH : métamorphose des sols
Dami (Fulmen), 2024 © SMITH, Courtesy Galerie Christophe Gaillard.
Dans l’œil de SMITH : métamorphose des sols
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de SMITH, qui nous révèle les dessous de deux images issues de sa série Dami (Fulmen), réalisée lors de...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et...
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet