Pour réaliser The end of the line, le photographe Renato Silva s’est rendu dans les banlieues berlinoises à la recherche d’une culture traditionnelle en voie de disparition. Une série interrogeant les conséquences de la mondialisation.
En 2008, ses diplômes de direction artistique et d’art, communication et design en poche, Renato Silva, photographe d’origine portugaise, s’est installé à Berlin. Fasciné depuis son enfance par le 8e art, c’est à travers le documentaire que l’auteur s’exprime. En shootant à l’argentique, de manière réfléchie, il s’immerge dans ses projets, à la recherche de la composition parfaite.
La série The end of the line a vu le jour en 2012. « Je voulais réaliser un portrait de Berlin depuis un certain temps déjà, mais je ne savais pas par où commencer. Je ne souhaitais pas photographier le centre de la capitale – qui est déjà beaucoup trop connu à mon goût – j’ai donc décidé de laisser les trains me guider jusqu’aux banlieues », raconte Renato Silva. En suivant les lignes U et S du métro allemand jusqu’à leur terminus, l’artiste s’est perdu dans des petites villes inconnues nichées en périphérie de la capitale, se laissant guider par son instinct, à la recherche d’une âme berlinoise quelque peu perdue.
Un autre visage de Berlin
Chaque jour, près de 500 000 touristes découvrent le cœur de Berlin. Les quartiers centraux sont pris d’assaut par les étrangers venus s’installer en Allemagne, et l’anglais est presque couramment parlé. Un melting pot propagé par la mondialisation qui ne ravit pas toujours les habitants de la ville. « Berlin change très rapidement. Les loyers augmentent à une vitesse folle, l’art et la culture sont délaissés, et la gentrification est très problématique. La ville perd son identité, son charme qui poussaient autrefois les gens à venir s’y installer », déclare le photographe, qui s’interroge : pourquoi les nouveaux arrivants ne s’intéressent-ils pas à la périphérie ?
Loin du bruit du centre-ville, Renato Silva s’est enfoncé dans ces banlieues peuplées par une population vieillissante. « Je pouvais y passer des heures, des jours, ou même des semaines. C’était un travail difficile, mais gratifiant : il me paraissait indispensable de développer un tel projet », confie-t-il. Au cœur de ses déambulations, il découvre un autre visage de Berlin, plus discret et pourtant plus traditionnel. Des lieux entendant garder précieusement leur propre identité. « Dans la capitale, les gens sont plus ouverts au changement, ici, pourtant, les préjugés et le racisme demeurent », commente l’auteur. Un portrait brut et honnête d’une ville européenne, tiraillée entre sa propre histoire et sa place dans un monde en perpétuelle évolution.
© Renato Silva