Touché par la beauté de la lagune de Venise, le photographe Andrea Pugiotto en a exploré les multiples îles. Il signe Islands, une série touchante, rendant hommage à ce territoire évanescent et à ses habitants.
« Je suis né à Mestre, près de la lagune de Venise, mais je ne me suis jamais rendu sur ce territoire durant mon enfance. Il y a environ huit ans, j’ai découvert cet univers à la fois si proche et si lointain, et j’ai décidé d’en faire son portrait »,
raconte Andrea Pugiotto. Ce photographe italien amateur de voyages ne cesse de capturer l’essence des villes qu’il visite. Suite à ses périples, il réalise des séries documentaires et intimistes, récits singuliers retraçant la découverte d’une culture étrangère.
« La lagune de Venise est constituée d’environ soixante îles, certaines d’entre elles privées, explique le photographe. Le territoire n’est jamais figé. L’érosion constante des terres par les vagues, et l’élévation du niveau de la mer, lié au réchauffement climatique, réduisent progressivement la surface habitable de l’archipel. » Une épée de Damoclès que les habitants semblent accepter avec sagesse. Car, tout comme la Terre, l’Homme de la lagune disparaît peu à peu.
Un homme vivant sur une île en devient une lui-même
C’est cette relation fusionnelle entre le territoire et ses habitants qu’a voulu immortaliser Andrea Pugiotto. Si certains fuient l’archipel, à la recherche d’un meilleur niveau de vie dans les terres italiennes, d’autres fidèles demeurent sur leurs îles, tandis que la marée efface et retrace les contours des terres. « Pour moi, un homme qui vit sur une île devient une île lui-même, confie l’artiste. Plus la terre est petite et isolée, plus ses habitants deviennent à leur tour inaccessibles. » Pour réaliser ce reportage, il a voyagé d’un morceau de terre à l’autre, à l’aide d’un bateau. « Je ne pouvais accéder à certains territoires qu’ainsi. D’autres disparaissaient selon l’heure à laquelle je m’y trouvais », confie-t-il.
Minimalistes et étrangement dépeuplées, les images d’Andrea Pugiotto s’attachent à retranscrire l’atmosphère particulière de la lagune. Portraits et paysages fusionnent, transformant les hommes en figures ancrées dans le sol. Un hommage à Venise et ses îles, un endroit éphémère, voué à se noyer sous les eaux qui l’entourent.
© Andrea Pugiotto