Le photographe canadien Ryan Duffin réinvente l’imagerie des téléphones des années 2000 à travers sa série Information Super Highway. L’occasion de réfléchir à l’omniprésence des smartphones dans nos sociétés.
Tranchantes et humoristiques, les photographies de Ryan Duffin mettent en scène les bizarreries de ses sujets. Toujours en quête d’expérimentations visuelles, le photographe installé à New York a acheté sur eBay un lot de téléphones portables datant des années 2000 et a entamé à travers cette série une réflexion sur leur présence dans nos vies. À la manière de campagnes publicitaires, il a mis en scène ces anciens téléphones telles des natures mortes au sein de paysages colorés et décalés. « Je me suis intéressé à la diversité des téléphones portables des années 2000. À cette époque, tout le monde pouvait choisir, explique-t-il. Aujourd’hui, il semble qu’il existe un smartphone prescrit, l’iPhone, et ces autres écrans tactiles plats rectangulaires. » Les portables sont aujourd’hui devenus un symbole de notre individualité ainsi qu’un prolongement de notre bras et de notre existence. Avec Information Super Highway, l’artiste nous invite à repenser le rôle de ces objet dans notre identité sociale.
Repenser la place des téléphones dans nos vies
Dans les années 1990, « Information super highway » (en français, « autoroute de l’information ») désignait les systèmes de communication numériques et le réseau de télécommunication Internet. Le terme évoquait la disponibilité immédiate de l’information, un des bénéfices de la technologie et des médias sociaux, mais aussi un des dangers de l’hyper-connectivité. « Le titre du projet, indique Ryan Duffin, vient de cette idée d’accélération de la connexion et du partage de l’information. Une vision formulée par les géants de la Silicon Valley. » Ordinateurs, tablettes et smartphones monopolisent notre cerveau et nos quotidiens. Ils sont devenus une prolongation de nos membres et de nos vies, et transforment nos existences virtuelles. « Nous avons besoin d’un mouvement mondial reconsidérant la santé mentale. Une prise de conscience de notre dépendance inadaptée est nécessaire, explique l’artiste canadien. J’espère que ces images nous rappelleront une époque où nos téléphones cellulaires n’étaient pas les aimants cérébraux d’aujourd’hui, et où nous réalisons que le monde réel est ailleurs ». Une série pop et acide qui invite à repenser notre rapport à ces objets technologiques.
© Ryan Duffin