En vacances en Bulgarie, dans la petite ville de Bachevo, la photographe Marine Billet est séduite par la beauté singulière des lieux. En quelques jours, elle compose une série lumineuse, révélant la splendeur d’un territoire rural.
C’est aux Gobelins que Marine Billet, photographe française de 27 ans, a fait ses armes. Des études qui l’ont convaincue de faire du 8e art son métier. Jonglant aujourd’hui entre les commandes et ses travaux personnels, la jeune femme prête une attention particulière à la lumière dans toutes ses créations. « Elle fait partie intégrante de mes projets, elle est mon axe de réflexion. Grâce à elle, je sais immédiatement si je vais réaliser une série ou non », précise-t-elle. Un intérêt qui la pousse à produire Bachevo.
« En décembre 2018, je suis partie rejoindre ma sœur en Bulgarie pour Noël. Nous avons passé les fêtes en famille dans un petit chalet niché dans les montagnes, à Bachevo », raconte la photographe. Au milieu des paysages hivernaux, la lumière froide et douce du territoire la frappe. Ses rayons transformant le petit village en un décor prêt à accueillir son récit. « Plus qu’un sujet, c’est une atmosphère, un ressenti que je recherche. Il m’aide à créer le fil linéaire nécessaire à la construction de mes photos », précise-t-elle.
Un conte lointain
En quelques jours seulement, Marine Billet a documenté sa propre vision de ce village rural : « un endroit envoûtant et touchant ». Le silence pesant qui domine les lieux leur confère une ambiance surnaturelle. Un espace hors du réel et hors du temps. Sur les images, les habitants cachent leurs corps dans des costumes étranges, faits de peaux de bêtes. « Il s’agit de la fête populaire Koukeri, l’une des plus anciennes célébrations rituelles, explique l’artiste. À l’aide de leur apparence et de leur danse magique, ils chassent les mauvais esprits afin que l’année à venir soit bonne et la terre fertile ». En les suivant le long de leur marche, la photographe s’imprègne de cette culture, à la recherche d’une connexion humaine.
On retrouve dans ses images l’esthétique des shootings de mode, la lumière jetant ses rayons sur le paysage, et anoblissant chaque détail. Une splendeur touchante, transformant une petite cité en un décor majestueux. « Il y a une valeur sentimentale à ne pas négliger dans Bachevo. J’ai été touchée par ce village oublié comme plein d’autres, suite à la croissance de la néo-ruralité », ajoute Marine Billet. Pour elle, l’élégance des clichés ne représente que le réel. Un charme propre à la région, porté par ses habitants et son âme. Au cœur du récit, les rites bulgares étonnent et fascinent, mettant l’humain à l’honneur. « Je voulais représenter ces personnes comme des totems, les isoler pour les mettre en valeur, faire de chacun d’entre eux un sujet unique et précieux ». À la frontière de l’artistique et du documentaire, Bachevo se lit comme un conte lointain, d’un irrésistible raffinement.
© Marine Billet