Julia de Cooker, basée à Paris, rêve depuis son enfance du Grand Nord. Pour réaliser Svalbard, an arcticficial life, elle est partie à la découverte de Longyearbyen, une ville perdue entre glaciers et modernité.
Julia de Cooker définit sa photographie comme une création hybride, entre le réalisme du documentaire, et la liberté artistique. « Les séries se construisent dans mon esprit, explique-t-elle, certaines photographies sont imaginées avant d’être réalisées. Je cherche avant tout à créer une histoire. » Son imagination est vivement stimulée lorsqu’elle découvre Longyearbyen, ville glaciale de Svalbard. Une agglomération Norvégienne aux airs de cité utopique. La ville semble briller d’une aura fantastique, éclairée par le soleil hivernal. « J’ai choisi de m’y rendre aux saisons de passage entre la nuit et l’été polaires, pour accentuer l’aspect mystique du lieu », raconte Julia. Les plaines enneigées s’étendent à perte de vue, ponctuées par une technologie humaine, d’une modernité étrange. La cité semble surgir d’une œuvre de science-fiction.
Survivre ensemble
Durant son séjour, la photographe découvre une population chaleureuse, déterminée, face à un monde hostile. « Je cherche toujours à comprendre le rapport que l’homme entretient avec son environnement, confie-t-elle, je trouve cela fascinant, de présenter une société à travers ce qui la construit. » Dans le cas de Longyearbyen, celle-ci est éphémère. Les habitants n’y restent en moyenne que sept ans. Pourtant, une bienveillance émane de ces combattants du froid. Ensemble, ils résistent à l’immensité blanche, seuls face à une nature toute puissante. « Il y a quelque chose d’étonnant là-bas. Comme si la ville avait été importée, déposée dans cet endroit. C’est une bulle, une bulle de liberté. »
Dans les images de Julia, la technologie humaine paraît irréelle, au milieu du sauvage. La nature est immaculée, comme laissée intact durant toute ces années. Car ni inuit, ni viking ne se sont installés à Svalbard, faisant de cette terre un lieu exempt de toute tradition. Sans passé, la petite ville résiste dans la glace qui l’entoure, première création humaine sur le territoire. « C’est cette sensation de décalage que je voulais documenter dans mon projet », conclut Julia. Une création aux accents futuristes.
© Julia de Cooker