Récurrences esthétiques

27 janvier 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Récurrences esthétiques

Sur son compte Instagram, la photographe russe Daria Piskareva s’amuse avec les récurrences et construit une mosaïque artistique. Le tout donne à voir un quotidien magnifié.

« Je suis amoureuse de la beauté des choses simples »,

déclare Daria Piskareva. La photographe autodidacte, venue de Saint-Pétersbourg, a appris à réaliser des images en observant – son propre environnement, comme les créations des artistes qu’elle admire. Elle publie aujourd’hui, sur Instagram, un feed soigneusement composé, jouant avec les récurrences et les symboles. « Je capture tout ce que je trouve curieux : les combinaisons de couleurs, l’étrangeté du quotidien, le charme des gens qui m’entourent. Avec un peu d’imagination, on peut faire de ces éléments des histoires », explique-t-elle.

Natures mortes composées d’éléments de nos foyers, portraits minimalistes, talons aiguilles ou fleurs en feu… Dans sa galerie numérique, ses images se répondent, se complimentent et invitent le regardeur à composer sa propre narration. Que signifient ces mises en scène ? Doit-on voir dans ces compositions un simple attrait pour l’esthétisme ? Ou bien chaque détail possède-t-il une signification propre ?

© Daria Piskareva© Daria Piskareva

Reconsidérer notre quotidien

« Ces derniers temps, j’essaie de réaliser des séries en partant d’une seule idée bien spécifique »

, confie Daria Piskareva. Parmi elles, Rudiment, un projet centré autour d’objets voués à disparaître de notre quotidien : d’anciens téléphones, des postes de télévision démodés, des voitures rétro… « Ce sont des choses qui deviennent non pertinentes. Pourtant, à chaque fois que je les vois, elle m’évoque une douce nostalgie, c’est, je pense, ma manière de réfléchir sur le passé », confie l’artiste. Une autre lubie ? Mettre feu à différents accessoires. « Une façon d’illustrer quelque chose d’aussi magnifique que fugace », précise-t-elle.

Alors que nous évoluons actuellement dans un monde en crise, enfermé dans des intérieurs monotones, la photographe nous invite à reconsidérer notre quotidien. Avec peu de choses : des objets, des compositions abstraites, une palette de couleurs pastel, elle parvient à distiller de la magie, du spectaculaire dans sa routine habituelle. En s’amusant avec les répétitions, Daria Piskareva construit une mosaïque organisée composée de ses obsessions. Tout comme Jocelyn Lee, l’une de ses sources d’inspiration, l’auteure utilise le 8e art pour mettre en scène des notions philosophiques, métaphysiques : la vulnérabilité et la mortalité de l’être, la fragilité de nos biens les plus chers, notre détachement progressif face aux objets du passé, dans un monde tourné vers les progrès futurs. Une immersion paisible dans un univers qui ne peut nous être que familier.

© Daria Piskareva

 

© Daria Piskareva© Daria Piskareva

 

© Daria Piskareva© Daria Piskareva

 

© Daria Piskareva© Daria Piskareva

 

© Daria Piskareva© Daria Piskareva

 

© Daria Piskareva© Daria Piskareva

 

© Daria Piskareva© Daria Piskareva

 

© Daria Piskareva

 

© Daria Piskareva© Daria Piskareva

© Daria Piskareva

Explorez
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
22 février 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Juno Calypso : palais paranoïaque
© Juno Calypso. What to Do With a Million Years ? « Subterranean Kitchen »
Juno Calypso : palais paranoïaque
Dans sa série What to Do With a Million Years ?, la photographe britannique Juno Calypso investit un abri antiatomique extravagant non...
20 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #494 : explosion de nuances
© Maria Louceiro / Instagram
La sélection Instagram #494 : explosion de nuances
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine s’approprient la couleur. En hommage aux beaux jours qui reviennent doucement...
18 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Kianuë Tran Kiêu : éclats de tendresse et narratives queers
© Kianuë Tran Kiêu
Kianuë Tran Kiêu : éclats de tendresse et narratives queers
Kianuë Tran Kiêu fait de l’art un espace de connexion et de transmission où la vulnérabilité devient une force. Chaque projet est une...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Les coups de cœur #533 : Martin Bousquet et Yulissa Aranibar
Imperial skaters © Yulissa Aranibar
Les coups de cœur #533 : Martin Bousquet et Yulissa Aranibar
Martin Bousquet et Yulissa Aranibar, nos coups de cœur de la semaine, examinent les territoires et les populations qui les habitent....
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 17.02.25 au 23.02.25 : sonder la société
© Aletheia Casey
Les images de la semaine du 17.02.25 au 23.02.25 : sonder la société
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye sondent la société par l’entremise de mises en scène, de travaux...
23 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
22 février 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas