Sur son compte Instagram, la photographe russe Daria Piskareva s’amuse avec les récurrences et construit une mosaïque artistique. Le tout donne à voir un quotidien magnifié.
« Je suis amoureuse de la beauté des choses simples »,
déclare Daria Piskareva. La photographe autodidacte, venue de Saint-Pétersbourg, a appris à réaliser des images en observant – son propre environnement, comme les créations des artistes qu’elle admire. Elle publie aujourd’hui, sur Instagram, un feed soigneusement composé, jouant avec les récurrences et les symboles. « Je capture tout ce que je trouve curieux : les combinaisons de couleurs, l’étrangeté du quotidien, le charme des gens qui m’entourent. Avec un peu d’imagination, on peut faire de ces éléments des histoires », explique-t-elle.
Natures mortes composées d’éléments de nos foyers, portraits minimalistes, talons aiguilles ou fleurs en feu… Dans sa galerie numérique, ses images se répondent, se complimentent et invitent le regardeur à composer sa propre narration. Que signifient ces mises en scène ? Doit-on voir dans ces compositions un simple attrait pour l’esthétisme ? Ou bien chaque détail possède-t-il une signification propre ?
Reconsidérer notre quotidien
« Ces derniers temps, j’essaie de réaliser des séries en partant d’une seule idée bien spécifique »
, confie Daria Piskareva. Parmi elles, Rudiment, un projet centré autour d’objets voués à disparaître de notre quotidien : d’anciens téléphones, des postes de télévision démodés, des voitures rétro… « Ce sont des choses qui deviennent non pertinentes. Pourtant, à chaque fois que je les vois, elle m’évoque une douce nostalgie, c’est, je pense, ma manière de réfléchir sur le passé », confie l’artiste. Une autre lubie ? Mettre feu à différents accessoires. « Une façon d’illustrer quelque chose d’aussi magnifique que fugace », précise-t-elle.
Alors que nous évoluons actuellement dans un monde en crise, enfermé dans des intérieurs monotones, la photographe nous invite à reconsidérer notre quotidien. Avec peu de choses : des objets, des compositions abstraites, une palette de couleurs pastel, elle parvient à distiller de la magie, du spectaculaire dans sa routine habituelle. En s’amusant avec les répétitions, Daria Piskareva construit une mosaïque organisée composée de ses obsessions. Tout comme Jocelyn Lee, l’une de ses sources d’inspiration, l’auteure utilise le 8e art pour mettre en scène des notions philosophiques, métaphysiques : la vulnérabilité et la mortalité de l’être, la fragilité de nos biens les plus chers, notre détachement progressif face aux objets du passé, dans un monde tourné vers les progrès futurs. Une immersion paisible dans un univers qui ne peut nous être que familier.
© Daria Piskareva