Depuis 2013, Brendan George Ko, artiste repéré dans Fisheye#18, collecte des instants de son existence. Nous révélons aujourd’hui le quatrième chapitre de son Scrapbook, IV, Strangerintwoworlds.
Le photographe canadien Brendan George Ko écrit, enregistre de la musique, réalise des vidéos et fait de la photo. Son envie de croquer la vie à pleine dent se manifeste dans cette folle production artistique. Scrapbook, est un journal visuel découpé en chapitres, chacun d’eux représentant une année de sa vie. Dans cette série libre et sans concession, Brendan s’essaie à de nouvelles techniques, de nouveaux thèmes, capturant des instants vibrants et pleins d’énergie. « Chaque scrapbook me fait penser à ces miettes de pain que l’on sème, pour retrouver notre chemin », confie Brendan. D’abord pensé comme un journal intime, le projet évolue en un « album de famille » en ligne et partagé avec ses modèles. L’ensemble du récit visuel de Brendan est porté par une réflexion profonde sur l’image. « Elle m’a tout d’abord intéressé en raison de la facilité avec laquelle elle problématise des sujets. Elle peut être extrêmement trompeuse, surtout envers ces communautés, dont l’image a été mainte fois déformée », raconte Brendan. « J’essaie d’être responsable, lorsque j’utilise ce médium, de prendre le temps de comprendre ce que je photographie ». Ainsi, à travers ses images, il crée et modèle sa propre histoire.
Capturer l’âme d’un instant
Brendan voit son Scrapbook comme un symbole du temps qui passe. D’une année à l’autre, ce coffret change, mais son évolution est contrôlée par les variations de la mémoire. Chaque chapitre renferme une humeur différente, comme au cinéma. IV Strangerintwoworlds possède une certaine langueur, que les précédents scrapbooks – I,God Only Made One of Me, II,The Wandering Hobo ou encore III,HOMENEXODUS – n’avaient pas. Un quatrième tome orangé où flash et couchers de soleil se rencontrent. Lorsqu’il édite, Brendan joue avec l’atmosphère de chaque image, cherchant à illustrer les sensations ressenties au moment de la prise de vue. Selon lui, la photographie est faite pour chérir chaque instant de la vie. « Je suis devenue obsédé par la photographie du fait de sa faculté à me replonger dans mes souvenirs », explique-t-il. « Être capable de reproduire tout un univers en une seconde restera toujours quelque chose de magique, même face au matraquage visuel de notre société. Les boîtiers possèdent cette capacité à capturer l’âme d’un instant ».
On pourrait penser que le flash détache sujets et décor et que le support demeure fiction. Pourtant, les images de Brendan sont ancrées dans l’histoire. L’artiste aime la culture d’Hawaï, où vivent ses parents, et rend hommage à ce lieu. Parmi ses maîtres inspirateurs, il mentionne Ed Greevy et ses images des mouvements politiques des années 70 à 90, mettant en lumière les habitants de l’île.
© Brendan George Ko