Bangladesh : un photographe arrêté par les forces de l’ordre

07 août 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Bangladesh : un photographe arrêté par les forces de l'ordre
5 août 2018. Un groupe de policiers habillés en civil pénètre dans l’appartement du photographe bangladais Shahidul Alam. Une arrestation violente engendrée par les « commentaires provocateurs » de l’artiste.

Il est environ 22h lorsqu’une trentaine d’officiers habillés en civil entrent chez Shahidul Alam dans le but de l’arrêter. Quelques heures plus tôt, le photographe avait publié une vidéo sur Facebook, exprimant son opinion sur les récentes manifestations étudiantes de Dacca. Une réaction rapidement réprimée par le gouvernement, venu appréhender Shahidul, après avoir pris soin de masquer avec du scotch les caméras de surveillance. « Je n’étais pas dans l’appartement, mais j’ai entendu un cri », confie Rahnuma Ahmed, la partenaire de Shahidul. « Les agents de sécurité m’ont ensuite appris qu’il avait été poussé dans une voiture, enlevé par la DB (les détectives de Dacca) ». Shahidul Alam est actuellement en détention provisoire, accusé d’avoir porté préjudice à l’État, par l’intermédiaire de sa vidéo.

De l’indignation à l’emprisonnement

Shahidul Alam, photographe, défenseur des droits de l’Homme, et fondateur de l’organisation multimédia Dirk, documentait, les jours précédant son arrestation, les manifestations de milliers de jeunes à Dacca réclamant une meilleure sécurité routière. Une réaction unanime, provoquée par la mort d’un adolescent sur les routes de la ville. Dimanche, alors que les tensions entre les manifestants et le gouvernement s’intensifiaient, les forces de l’ordre se lancent dans la foule en tirant des balles en caoutchouc et lançant des bombes lacrymogènes. Un spectacle qui touche profondément le photographe. Celui confie au Monde peu après « Les Bangladais n’en peuvent plus. Ils sont fatigués de la corruption généralisée, de la censure, des disparitions forcées ». Un cri du cœur d’une grande bravoure qui précipite les événements de ces derniers jours.

Amnesty International, alertée par la violence de l’arrestation, exige la libération immédiate de Shahidul. « Cette détention est l’un des symptômes de la répression intensive lancée par la police », explique Omar Waraich, le directeur sud asiatique de l’organisation. « Le gouvernement bangladais doit interrompre cette répression, les étudiants ont le droit de se réunir pacifiquement et de se sentir en sécurité ». Si la réaction touchante du photographe a provoqué une telle violence, il est important que celle-ci soit diffusée, afin de mettre en lumière les abus du gouvernement bangladais. #freeshahidulalam.

Shahidul Alam emmené au tribunal, 6 août 2018

Shahidul Alam emmené au tribunal, 6 août 2018.

Explorez
À l'Abbaye de Jumièges, la Tunisie tisse son histoire
Série « Intimité brodée », projet « Woven Window », 2024 © Asma Ben Aïssa
À l'Abbaye de Jumièges, la Tunisie tisse son histoire
Célébrant dix ans de coopération avec la Tunisie, le département de la Seine-Maritime met en lumière le travail de onze artistes de la...
28 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Mondes en commun : le musée Albert Kahn sème un inventaire photo dans son jardin
Siân Davey, The Garden XXIII, 2023
Mondes en commun : le musée Albert Kahn sème un inventaire photo dans son jardin
Jusqu’au 7 septembre 2025, le musée Albert Kahn présente la deuxième édition de son festival de photographie contemporaine Mondes en...
23 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Ed Alcock remporte l'édition 2025 du prix Niépce Gens d'images
© Ed Alcock / MYOP
Ed Alcock remporte l’édition 2025 du prix Niépce Gens d’images
Le prix Niépce Gens d’images vient de révéler le nom de son 70e lauréat : il s’agit d’Ed Alcock. Au fil de ses projets, le photographe...
22 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les métiers de la photographie : Le tirage, un art de l'ombre
© Estelle Hanania Styliste : Léopold Duchemin pour Acne Studios. Set design : Alice Kirkpatrick.
Les métiers de la photographie : Le tirage, un art de l’ombre
Quand on parle de photo, on pense d’abord aux auteur·ices. Mais il y a celles et ceux qui rendent leurs images visibles : les...
22 mai 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Thomas Paquet : « imposer une économie de gestes »
© Thomas Paquet. Vignettage
Thomas Paquet : « imposer une économie de gestes »
À l’occasion du Paris Gallery Weekend, la Galerie Thierry Bigaignon présente, jusqu’au 31 mai 2025, une exposition personnelle de...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Fabrice Laroche
instax Wide Evo™ : l’alchimie instantanée selon Mathias Benguigui et Jonathan Bertin
© Jonathan Bertin
instax Wide Evo™ : l’alchimie instantanée selon Mathias Benguigui et Jonathan Bertin
Avec son nouveau boîtier instantané, instax™ de Fujifilm propose une promesse audacieuse : faire de chaque cliché un chef-d’œuvre. Afin...
28 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Folle nuit, Québec et désordre : nos coups de cœur photo de mai 2025
© Chris Mann
Folle nuit, Québec et désordre : nos coups de cœur photo de mai 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
28 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
À l'Abbaye de Jumièges, la Tunisie tisse son histoire
Série « Intimité brodée », projet « Woven Window », 2024 © Asma Ben Aïssa
À l'Abbaye de Jumièges, la Tunisie tisse son histoire
Célébrant dix ans de coopération avec la Tunisie, le département de la Seine-Maritime met en lumière le travail de onze artistes de la...
28 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot