« Inviter le spectateur à regarder les objets d’une manière différente » : telle est la volonté de Philippe Fragnière, photographe formé à l’École cantonale de Lausanne. Sur l’image publiée en couverture du Fisheye #58, une forme sculpturale « semble flotter en apesanteur dans un environnement énigmatique », pour reprendre les termes de l’auteur. En regardant les objets avec attention, « on se rend compte qu’ils ont une certaine beauté. Je les ai utilisés un peu comme on utilise les mots dans la poésie », poursuit le photographe. Cette photo issue d’une commande institutionnelle s’inscrit dans le prolongement d’un travail plus personnel, Punctum, né durant le confinement. « Cette image est un bon exemple de la porosité entre les pratiques de commande et les travaux personnels, précise Philippe Fragnière. La cohabitation des deux n’est pas contradictoire, elle me semble plutôt saine. Les travaux de commandes obligent à travailler avec une série de contraintes et poussent à développer une technique ou une approche à laquelle je ne me frotterai pas nécessairement. Et inversement, la liberté d’un travail personnel me permet d’appréhender le sujet de la manière qui me convient ou que je juge pertinente. Je peux ensuite transposer cette sensibilité dans les travaux de commandes. » Philippe Fragnière se prête aujourd’hui à l’exercice du portrait chinois.
Si tu étais…
Une image ?
Sans raison bien particulière, aujourd’hui, ce serait celle-ci.
Un genre photographique ?
La photo de paysage.
Une lumière ?
La tombée de la nuit, quand le jour laisse la place à l’imagination.
Une couleur ?
Le gris – il se teinte de toutes les couleurs au fil de la journée.
Un sujet à explorer ?
Notre rapport aux animaux.
Une émotion ?
La curiosité. Elle ouvre toutes les portes.
Un paysage ?
Un paysage fantastique, en montagne, dans ma région, en Valais.
Un objet ou un décor ?
Je serais volontiers un bâton de pèlerin.
Un film ?
Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman (1957).
Quelqu’un avec qui réaliser un projet en duo ?
Valentine Schlegel.
Un pays ou une ville ?
Tokyo, pour ses contrastes.
Un animal ?
Je serais heureux d’être un oiseau de belle envergure comme un corbeau ou un aigle, mais il me plairait tout autant d’être un renard ou un loup.
Un conte ou une légende ?
Dans son livre La Poudre de sourire, Marie Métrailler explique que les fées se manifestent en forêt à des endroits très précis, dans tous les cas, toujours là où poussent les champignons.
© Philippe Fragnière