Il était une fois dans le Jutland… Le nom de sa série évoque le début d’un conte. À juste titre puisque ses images d’un petit village du Danemark illustrent une réalité qui n’existe que dans les rêves. Figé dans le passé, Hjerl-Hede, est un havre de paix où le présent n’a pas sa place. Le photographe David Maurel s’y rend régulièrement depuis l’enfance. Son histoire avec le Danemark, c’est une histoire de famille : « C’est le grand-père de ma grand-mère maternelle qui a fondé ce village en 1930. C’était un homme assez riche qui a fait fortune dans le beurre en Russie. Il adorait la région et a acheté un terrain immense sur lequel il a fait construire des bâtiments inspirés du vieux Danemark. »
Situé dans la péninsule du Jutland, Hjerl-Hede semble un petit coin de paradis, propice à l’évasion. Ils sont 200 habitants à y vivre trois mois par an. Des agriculteurs de la région qui, les beaux jours venus, décident de changer d’époque. Lorsque David en parle, son visage devient pensif et son regard se perd dans les souvenirs. Il garde en mémoire ce qui rend la photo muette. Il évoque les « odeurs fortes », celles qui s’échappent de la scierie, de la confiserie d’où émane les effluves de réglisse, celles des animaux… Hjerl-Hede est la réminiscence d’un passé révolu, où tout se produisait à la main, où le temps n’était pas une denrée rare.
C’est aussi l’écho de la propre enfance de David et de ses liens familiaux, étroitement liés à sa pratique photographique. Une passion qu’il tient de son père et de son grand-mère, qu’il a toujours connu « avec un boîtier entre les mains. » Et aussi des vieux exemplaires du magazine Géo qui traînaient chez lui, dans lesquels il se plongeait pendant des heures.
Nostalgie
Si sa série Il était une fois dans le Jutland… a été réalisée au Rolleiflex, David dispose aussi d’un Leica M6 hérité de son grand-mère. La photo c’est donc pour lui un héritage. Ses escapades au Danemark. Documenter le quotidien de ce village authentique et éphémère, c’est aussi une façon de préserver « une philosophie » qui, selon lui, est un héritage familial qui dépasse les générations, plus important que les biens matériels. Cet attachement à la transmission, à la famille, traduit un tempérament nostalgique. Une douce mélancolie que l’on retrouve dans les clichés que David nous a soumis. Tous réalisés à la lumière naturelle.
Parmi eux, ces deux portraits poignants d’une fillette et d’un pêcheur, qui sont ses préférés. « Lorsque j’ai photographié la gamine, il y avait cette lumière absolument parfaite, cette coïncidence entre le rose du foulard et de la chemise. C’était un moment très calme, parfait. Lorsque j’ai fais le portrait du pêcheur, il y avait ces brioches toutes chaudes qui sentaient si bon… Lui était un peu bourru, ronchons. J’aime bien les râleurs ! » Finalement, à travers cette très belle série, David essaye de faire perdurer autant que de transmettre, l’esprit d’une famille; la sienne. C’est un témoignage touchant d’une histoire inattendue et presque merveilleuse.
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→ Découvrez l’ensemble du travail de David sur son site : david-maurel.format.com
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