Sobrement intitulé Berliner, ce petit zine produit en quatre exemplaires est l’oeuvre de Martin Schumann, 30 ans, photographe, illustrateur et graphiste. Il nous a raconté sa passion pour la photographie, intimement liée à son amour de Berlin, où il vit depuis 2006.
C’est l’admiration qui pousse Martin Schumann vers la photographie. Lorsqu’il découvre le projet de fin d’études d’un ami à lui, il est stupéfait : « En parcourant les pages du livre photo qu’il avait réalisé, j’ai été ébahi par le pouvoir narratif de la photographie. Ça m’a donné l’envie d’essayer ce [nouveau] langage visuel. » À cette époque, Martin ne jurait que par l’illustration et le graphisme; il venait d’entamer un cursus en communication visuelle. Il récupère le vieux boîtier de son grand-père, un Praktica SLR, très populaire dans le bloc de l’est jusqu’à ce que la marque s’effondre après la chute du Mur. Le jeune homme tâtonne, et apprend à faire des images « sur le tas. Ensuite j’ai suivi des cours de photo, qui m’ont permis de maîtriser le cadrage et la composition. Je n’étais pas très assidu en classe, mais ma passion pour ce médium s’est intensifiée. » Martin se nourrit de documentaires, achète pleins de livres photos et shoote dés qu’il en a l’occasion. En 2011, Berlin devient donc son terrain de jeu. Six ans plus tard, en mars 2017, il édite quatre exemplaires d’un premier zine de 16 pages.
Berliner est une exploration de la capitale allemande en 35 images réalisées dans les différents quartiers de la ville avec un Yashica T4 et un Olympus 35 RC. C’est un vieux journal berlinois, Berliner Illustrierte, qui l’a inspiré – notamment pour le titre. Il a donc scanné la couverture d’un ancien numéro pour réalisée celle de son zine. « Je trouve que cet aspect vintage révèle encore mieux l’esthétique du 35 mm. Ensuite j’ai imaginé une maquette très épurée, neutre, assez tendance car les images qui l’illustrent sont actuelle. » Dans ce petit support, Martin a donc introduit les contrastes qui font tout le charme de Berlin : « l’ancien et le nouveau, le bruit et le silence. »
L’inspiration d’une ville contrastée et fascinante
C’est aussi un bel hommage que Martin lui rend. On (re)découvre grâce à lui une ville pleine de contrastes et riches de maintes cultures différentes. « J’aime la diversité de Berlin, le fait que de jour comme de nuit, on peut y manger et boire à n’importe quelle heure, sept jour sur sept. » Berlin est chaleureuse, conviviale. C’est une ville de l’amitié. Chaque image réalisée par Martin témoigne de cette belle énergie, qu’elle soit diurne ou nocturne. Le photographe est aussi un grand fan du Berlin underground, qui s’épanouit dans les friches de Friedrichshain, à l’est, où Martin a son QG, « Polendenkmal, un mémorial [dédié aux soldats polonais antfascistes] qui se situe en plein coeur du parc de Friedrichshain. C’est un spot très apprécié des skaters qui se trouve à cinq minutes de chez moi. »
Pourtant Berlin ne se laisse pas photographier facilement. Elle n’a pas l’élégance, le grandiose et la photogénie des autres capitales européennes. On ne peut pas dire qu’elle soit belle, malgré tout, elle demeure fascinante. Martin ne se lasse pas d’observer les compositions, les architecture qui changent brusquement d’une rue à l’autre. « Berlin, c’est un véritable exercise visuel ! Mais j’éprouve un réel désire de la trouver [à travers la photographie.] Je suis parfois peu sur de moi, [photographier Berlin] c’est donc un vrai challenge, un défi personnel, qui me pousse à aller plus loin. »
Images par © Martin Schumann