Que reste-t-il des souvenirs de l’enfance ? Des odeurs imperceptibles, des impressions confuses et pugnaces, des images nostalgiques que le recul de l’âge adulte transforme en sensations brumeuses d’autrefois.
C’est justement parce que cette mémoire insaisissable est obsédante, que Marietta Varga, 25 ans, a tenté de la capturer. Il en ressort un travail délicat, sensible, qu’elle a baptisé My Town (en français, « ma ville », nldr). Cette série prend place à Siófok, une ville hongroise de 24 000 habitants située sur la rive sud du lac Balaton, le plus vaste d’Europe centrale.
C’est là-bas que Marietta est née et a grandi. La jeune femme a quitté la Hongrie il y a dix ans. Et chaque fois qu’elle retourne dans sa ville natale, elle ressent « une profonde nostalgie. » Cette série est née du besoin pressant de renouer avec ses racines et ce sentiment familier d’être chez soi.
Histoire de famille
J’ai fais ces photos en janvier dernier. C’était la fin des vacances Noël. Un matin au réveil, tout était devenu blanc, couvert de givre. C’était la première fois depuis bien longtemps que ma ville m’est apparue exactement comme je l’avais dans ma tête. Je devais repartir pour Londres quelques jours plus tard, et il fallait que j’emporte avec moi quelque chose qui me rappelle la maison.
Les scènes sont soigneusement cadrées, la lumière, parfaite, est étudiée avec attention. Marietta a fait preuve de précision et de justesse. La photographe a gardé en mémoire ce souvenir d’elle, âgée de huit ans, un soir d’hiver.
Quand je terminais mes devoirs, j’enfilais des vêtements chauds, je me précipitais dans notre jardin, et je me sentais tellement libre. Ce soir là il neigeait. Je me suis allongée dans la neige et j’ai regardé les flocons tomber.
Cette série très personnelle est emblématique du rapport que Marietta entretient avec la photographie, très lié à son histoire familiale : « Dans ma famille, il y a cette énorme album photo baptisé Chronicle, que ma mère a commencé il y a 37 ans. Il retrace notre histoire. Quand j’étais enfant, je passais beaucoup de temps à le feuilleter. J’étais en extase et je le suis toujours aujourd’hui ! » De là une vocation est née. Son travail ne s’inspire pas toujours autant de son histoire personnelle mais il est empreint d’une intimité pudique et sincère.
My Town est donc une exception car elle assouvit un besoin. C’est une série que Marietta a réalisé pour elle seulement. Mais l’univers qu’elle représente, la nostalgie et la mélancolie que la photographe invoquent sont presque familiers. Ils se font l’écho d’un sentiment universel, celui qui rattache un individu à ses origines. My Town est un beau témoignage qui rappelle que la photographie est aussi un remède à l’oubli.
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Vous pouvez suivre Marietta sur Instagram : @mattivarga
Découvrez l’ensemble de son travail sur Behance : www.behance.net/mariettavarga