Découverte récente, coup de foudre artistique, ou même artiste phare… Dans chaque numéro, différents membres de l’équipe Fisheye prennent la parole et partagent leur obsession photographique du moment. Lumière aujourd’hui sur Neil Krug, choisi par Solal Caby, ancien graphiste stagiaire.
J’ai toujours été captivé par les paysages et les créatures oniriques qu’imaginent certains artistes tels que Mœbius. Leurs illustrations de scènes venues d’ailleurs composent des univers riches dont on s’approprie l’histoire et la mythologie, et nourrissent notre imagination. Le photographe Neil Krug s’inscrit manifestement dans cette lignée avec sa série Phantom: Stage One dont est tirée cette photo évoquant une forme de mysticisme.
La scène se déroule dans un décor minéral, dans l’atmosphère corrosive d’un astre où la vie semble impossible. Ici déambule une femme solitaire d’où rayonne une lumière qui brouille ses traits. Sa présence dans un lieu inhospitalier semble relever d’un miracle en lui donnant un caractère divin. Elle règne en gardienne dans ce décor inerte aux airs de sanctuaire mystique, projetant sa lueur sur ce paysage aride qu’elle foule d’un pas délicat, léger, hésitant. Les points de lumière apparaissent comme des sources d’énergie, symboles de vitalité et de spiritualité chez cet être qui montre par sa nudité une forme d’innocence et de vulnérabilité. Est-elle ici de son plein gré ou condamnée à errer pour l’éternité ? L’atmosphère psychédélique qui nimbe sur cette image lui donne un aspect insaisissable et conduit à une forme de fascination pour cet univers qu’on ne fait qu’effleurer.
© Neil Krug