Ce qui inspire Jean Hervoche et Marion Romagnan, nos coups de cœur #315 ? Les voyages. L’un y recherche l’émotion brute, et l’autre, un moyen d’éprouver les distances.
Jean Hervoche
« Je suis attiré par la puissance des éléments, leur violence, parfois. L’immensité des déserts ou des océans, qui nous ramènent à la solitude et à notre dimension humaine »,
déclare Jean Hervoche. Le photographe breton a sorti son premier ouvrage, Bretagne, Espaces et Solitudes, en 1983 et a publié une nouvelle monographie, intitulée Terres Nues, en novembre 2018. Deux livres illustrant son amour du noir et blanc et des territoires sauvages. « Je ressens le voyage comme une nécessité, confie-t-il. La découverte provoque en moi le choc nécessaire pour ressentir les émotions dont j’ai besoin pour photographier. J’appartiens à cette école d’auteurs pour lesquels cet acte relève de l’instinct et de l’émotion. » Ses thèmes de prédilection ? « Les grands espaces naturels, les images insolites, les lieux chargés d’émotion ou de signification, les situations humaines non anecdotiques, où les personnes semblent exister en marge des événements et de la vie qui les entoure ».
© Jean Hervoche
Marion Romagnan
C’est en arrivant à Paris il y a 14 ans, pour intégrer une école de théâtre, que Marion Romagnan, 36 ans, a commencé à s’interroger sur sa relation au corps et à sa propre image. Une recherche qui l’a rapidement conduit vers la photographie. Puis, en 2017, lors d’une traversée des États-Unis, elle découvre l’argentique. « Le paysage défilait avec une lenteur déroutante, le temps semblait se disloquer. J’étais fascinée par ce nouveau rapport au temps, induit aussi par cette pratique. À mon retour, j’ai décidé de ne plus faire que cela : prendre des trains et des photos », se souvient-elle. Capturant ses périples, l’auteure fige ce qui défile sous ses yeux – ses errances, ses rencontres. « Ma série Dérives est née du constat que ce qui m’importait n’était pas tant le lieu de ma fuite que le moyen d’y parvenir. Je devais mériter ce qui m’attendait. Éprouver les distances. Prendre le temps de vagabonder, de m’ennuyer, de penser », explique-t-elle. Une collection d’instants suspendus trouvés quelque part, dans l’immensité du monde.
© Marion Romagnan
Image d’ouverture : © Jean Hervoche