Nos coups de cœur #394, Görkem Keser et Marie-Claude d’Abrigeon subliment tous deux leur environnement. Le premier fait honneur à la street photography, tandis que la seconde s’inspire d’œuvres picturales et de cartes postales anciennes.
Görkem Keser
« J’ai une affinité presque inconsciente à la photographie, parce que j’ai grandi en la regardant »,
confie Görkem Keser. Né en 1986, l’auteur installé à Istanbul travaille aujourd’hui en freelance et fait de sa ville le décor changeant de ses clichés. C’est grâce au goût de sa famille pour le 8e art qu’il entre d’abord en contact avec le monde de l’image. Grandissant avec de nombreux souvenirs visuels, il se construit à travers eux. « Durant mes années d’études à l’université, je me suis intéressé au journalisme, et j’ai d’autant plus apprécié ce médium », poursuit-il. Aujourd’hui, l’artiste se spécialise dans le documentaire et la street photography. Jouant avec les couleurs, les compositions et les lumières, il parvient à figer des scènes dynamiques, mystérieuses, captivantes… « Mais ce travail pourrait aujourd’hui être considéré comme archivé. J’essaie désormais d’explorer des métaphores plus complexes, des écritures plus conceptuelles. Mes thèmes de prédilection ? La vie et la mort. La photographie est en vérité sans doute la seule raison pour laquelle j’existe », poursuit-il. Emporté par ses déambulations urbaines, Görkem Keser nous invite donc ici à profiter d’une certaine légèreté, avant de nous plonger dans des préoccupations plus philosophiques.
© Görkem Keser
Marie-Claude d’Abrigeon
Née à Aubenas, Marie-Claude d’Abrigeon est tombée amoureuse du 8e art à l’âge de douze ans, en recevant un boîtier Kodak en cadeau. Photographe à plein temps depuis 2004, elle mêle couleurs, monochromes, argentique, numérique, 24×36 et moyen format, sans cesse à la recherche du bon outil pour transcender sa narration, pour convoquer l’émotion. Dans El paraíso sobre les ruinas del infierno, l’autrice s’inspire de cartes postales anciennes et donne à des paysages anonymes une aura onirique. « Ce sont des lieux sans noms, à la fois quelconques et énigmatiques (…). Ces photographies transforment des repères familiers en des espaces étranges, voire inconnus », explique-t-elle. Picturaux, splendides, les panoramas se détachent du réel et se parent d’une atmosphère fantastique. Ici, les unités de temps, d’espace perdent leur importance, au profit d’une sensation de paix. À l’instar des œuvres du coloriste Harry Gruyaert, ou des expérimentations passéistes de Nicolas Seurot, Marie-Claude d’Abrigeon fait de son environnement un tableau atemporel, où les traces de l’homme se devinent plus qu’elles ne se dévoilent, et où le tumulte du monde urbain est assourdi par le calme de l’inhabité.
© Marie-Claude d’Abrigeon
Image d’ouverture : © Marie-Claude d’Abrigeon