Les coups de cœur #428

13 février 2023   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #428

Jean-Philippe Poli et Adrien Corderot, nos coups de cœur #428, composent leurs images avec humanité et sincérité. Alors que l’un esthétise le trajet pour se rendre en Corse, l’autre capture avec poésie ses pérégrinations et les émotions de sa famille.

Jean-Philippe Poli

Dans Traversées, Jean-Philippe Poli capture des instants volés sur les ferrys qui relient la Corse au continent. « J’effectue le voyage depuis ma plus tendre enfance. Parfois agréables, subies de temps à autre, ces transhumances récurrentes constituent un passage obligé pour nous autres, insulaires », explique le photographe installé sur l’île de beauté. Par le biais de cette traversée visuelle, Jean-Philippe Poli transforme un simple trajet en un véritable voyage. Pour lui, le noir et blanc se présente comme une évidence. « Je n’ai jamais décollé du propos de Roland Barthes considérant que “ la couleur est un enduit apposé ultérieurement sur la vérité originelle du noir et blanc ” » témoigne-t-il. Entre flou et netteté, l’idée de mouvement émane de ses clichés. Après avoir pratiqué la photographie argentique à ses débuts en 1998, il bascule en tout numérique en 2010. Oscillant entre la photo sociale et de rue, Jean-Philippe Poli cherche, avant toute chose, à humaniser des scènes de la vie quotidienne. Traversées s’affiche telle une épopée d’images dans laquelle il fait bon de naviguer. 

© Jean-Philippe Poli© Jean-Philippe Poli
© Jean-Philippe Poli© Jean-Philippe Poli
© Jean-Philippe Poli© Jean-Philippe Poli

© Jean-Philippe Poli

Adrien Corderot

« Je suis attaché à l’idée de la mélancolie. Ce que les Portugais et Brésiliens nomment la saudade, un état latent, un sentiment d’être présent dans le passé ou passé dans le présent. J’ai la saudade de mon père, des moments passés avec lui, de notre vie en famille. Mais aussi d’une époque que je n’ai pas connu », confie Adrien Corderot. C’est assez jeune qu’il rentre en contact avec la photographie. D’abord en feuilletant les albums photos argentiques de sa mère et de son père, puis à sept ans, alors qu’ils s’apprêtent à vivre en Martinique et qu’on lui offre un appareil jetable amphibie pour capturer les fonds marins. De ce premier essai amusé avec le médium, il n’a eu de cesse de continuer à développer son regard et d’affiner son écriture au fil de ses voyages. Les gouttes d’eau ou de larmes qui sèchent au soleil, les étreintes chaleureuses, le vent qui délie les corps et les traumas… Où qu’il soit, Adrien Corderot se plaît à capturer, sans faire de bruit, les atmosphères singulières d’un lieu, les choses qui composent l’invisible, comme pour « figer l’instant, retenir le temps » et les émotions entre ses mains. « Il y a cette photo de ma mère et de ma sœur, les deux femmes de la famille, qui me touche tout particulièrement. Nous étions en Corse sur une plage quelques mois après le décès de mon père, en reconstruction tous les quatre avec mon frère, aussi. J’étais tétanisé à l’idée de pouvoir immortaliser des nouveaux moments sans lui, immortaliser une nouvelle réalité que je ne voulais pas voir. Ici, on les voit toutes les deux s’enlacer, presque se confondre. Une mère et sa fille, une madone enlacée.» 

© Adrien Corderot© Adrien Corderot
© Adrien Corderot© Adrien Corderot
© Adrien Corderot© Adrien Corderot

© Adrien Corderot

Image d’ouverture : © Adrien Corderot

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