Des collages surréalistes pour accepter son corps

29 septembre 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Des collages surréalistes pour accepter son corps

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Sandra Reis réalise des collages surréalistes à partir d’un même autoportrait, et fait de son corps le théâtre de ses fantasmes les plus délirants !

Inspirées par l’œuvre de Francesca Woodman, et le mouvement esthétique japonais Wabi-Sabi – qui regroupe la plénitude que l’on peut ressentir face aux phénomènes naturels à celle que l’on éprouve en observant des éléments marqués par le temps qui passe – les photographies de Sandra Reis se lisent comme des fragments intimes et mélancoliques. Des images brutes, marquées par un besoin d’introspection, une envie de représenter le spirituel tout en mettant en scène son propre corps. D’origine portugaise, l’artiste a grandi à Lille, avant de retourner dans son pays natal, à l’adolescence. Après des études de communication, intéressée par le 8e art, elle s’inscrit à l’Instituto Português de Fotografia pour se former. « J’adore le monde de l’image en général, et j’aime beaucoup en créer également. La photographie est une sorte de thérapie. J’apprécie particulièrement réaliser des autoportraits, pour explorer la sensation d’étrangeté que l’on ressent face à son propre corps », précise-t-elle.

© Sandra Reis© Sandra Reis

Un moyen de se déconstruire

« J’ai appris à accepter mon apparence avec le temps. C’est tellement plus simple de parvenir à le faire ! Plus jeune, j’ai eu du mal à assumer de ne pas avoir un “corps parfait”. Je ne me sentais pas élégante, et j’ai perdu beaucoup de poids, si bien que j’ai eu des soucis de santé. En gagnant en maturité, j’ai compris que cette attitude n’était pas saine, et l’autoportrait a été une conséquence de ce changement de mentalité »,

poursuit l’artiste. Et si ses photographies forment un univers monochrome assez sombre, ses collages, eux, révèlent une multitude de couleurs, et un goût certain pour le surréalisme. Réalisées à partir d’images libres de droits venues de banques de données, et de ses propres clichés, ses réalisations déconstruisent les silhouettes humaines et forment des sculptures numériques insensées, aussi folles que réjouissantes. « Le collage me permet d’explorer le royaume imaginaire sans frontière. C’est pourquoi je me suis tournée vers ce médium : il s’agit d’un moyen de me déconstruire – car nous sommes faits de tant de strates différentes ! », ajoute-t-elle.

Empruntant à l’esthétique rétro de l’artiste Eugenia Loli, Sandra Reis crée ainsi, à partir d’un même selfie d’elle-même, une multitude d’œuvres bariolées. Collés à son corps ? Des animaux, des plantes, des figures géométriques, et même des éléments extraterrestres. Autant d’accessoires insensés permettant à l’artiste de détourner les codes du portrait, et d’apprendre à percevoir le corps humain comme un terrain de jeu. Loin des représentations plus sobres et intimistes de ses projets purement photographiques, ses montages s’attachent à révéler, au regardeur, son univers intérieur. Un espace où l’ennui n’existe pas, et où le corps devient finalement une simple enveloppe de chair, abritant une créativité sans limites.

© Sandra Reis© Sandra Reis
© Sandra Reis© Sandra Reis

© Sandra Reis

Explorez
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
© Eimear Lynch
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
Ça y est, 2025 touche à sa fin. Dans quelques jours, un certain nombre d’entre nous célèbreront la nouvelle année avec éclat. À...
27 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Concours de beauté, métropoles et intimité : nos coups de cœur photo de décembre 2025
© Carla Rossi
Concours de beauté, métropoles et intimité : nos coups de cœur photo de décembre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
24 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Le 7 à 9 de Chanel : Claire Denis et la fabrique du monde
Tracey Vessey, extrait du film Trouble Every day, film de Claire Denis, Paris, 2001 © Rezo Productions
Le 7 à 9 de Chanel : Claire Denis et la fabrique du monde
Pour ce nouveau 7 à 9 de Chanel au Jeu de Paume, la scénariste et réalisatrice Claire Denis était invitée à revenir sur ses racines, ses...
22 décembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
© Ashley Bourne
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, nous rendons hommage à Martin Parr, vous dévoilons des projets traversés par l’énergie d’une...
21 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sofía Jaramillo : la neige comme espace de réappropriation
A New Team © Sofía Jaramillo
Sofía Jaramillo : la neige comme espace de réappropriation
Dans A New Winter, Sofía Jaramillo s’attaque à l’imaginaire figé des sports d’hiver. En revisitant les codes visuels du ski, la...
Il y a 1 heure   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #539 : tout ce qui brille
© Jo Bradford / Instagram
La sélection Instagram #539 : tout ce qui brille
Pour fêter la nouvelle année, les artistes de notre sélection Instagram de la semaine posent leurs regards sur tout ce qui brille : feux...
30 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de coeur #570 : Fahad Bahramzai et Elisa Grosman
© Elisa Grosman
Les coups de coeur #570 : Fahad Bahramzai et Elisa Grosman
Fahad Bahramzai et Elisa Grosman, nos coups de cœur de la semaine, cherchent tous deux à transmettre des émotions par l’image. Le premier...
29 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 22 décembre 2025 : neige, enfance et cinéma
Emcimbini de la série Popihuise, 2024 © Vuyo Makheba, Courtesy AFRONOVA GALLERY
Les images de la semaine du 22 décembre 2025 : neige, enfance et cinéma
C’est l’heure du récap ! Au programme cette semaine : l’éclat ivoire des premiers flocons pour le solstice d’hiver, un retour sur la...
28 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine