Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Avec ses collages, l’artiste Marie Aynaud transforme des nus photographiés par des hommes en œuvres poétiques synonymes de liberté.
« En avril, alors que j’étais confinée chez mes parents depuis environ un mois, j’étais déboussolée. J’avais perdu mon emploi de libraire, et je n’arrivais pas à prendre de photos. J’ai trouvé une pile de vieux journaux et j’ai commencé à les découper. J’avais un grand besoin d’images, mais je ne pouvais plus me confronter aux miennes ni à celles d’Instagram »
, raconte Marie Aynaud.
En parallèle de ses études de cinéma, l’artiste de 26 ans originaire du sud-est de la France s’est initiée à la photographie – un médium plus solitaire lui correspondant davantage. Mais lorsqu’une « page blanche » l’empêche de réaliser des projets, c’est à travers le collage qu’elle trouve le moyen de s’évader. « Contrairement à la photographie qui me garde éveillée pendant de longues heures, ce médium m’apparaît plus léger. À travers lui je cherche à m’échapper de mon propre langage visuel », précise-t-elle.
Déconstruire un idéal sexiste
Aussi poétiques qu’absurdes, les créations de Marie Aynaud naissent d’une inspiration soudaine, d’une quête de liberté, sans entrave aucune. Corps humains, animaux, architectures et paysages fusionnent dans ses tableaux improvisés, et évoquent le monde des rêves – beau, insensé, ou même érotique.
Car les nus peuplent ses collages. Les silhouettes féminines se révèlent et dévoilent leurs courbes. « Lorsque j’ai commencé ce travail, j’ai mis la main sur d’anciens magazines Photo où l’on voit une multitude de femmes nues appelées “muses” ou “vénus”… Je songeais immédiatement à de vieux libidineux avec leurs grosses focales fantasmant sur ces corps », confie l’artiste. Avec ses mains, et son regard de femme, elle s’applique alors à déconstruire cet idéal sexiste. D’objets de désir, les femmes de ses collages se transforment en symboles de libération. « Être une femme nue, face à des regards, a quelque chose de puissant », ajoute Marie Aynaud. Sans nier la puissance érotique du corps, l’artiste donne à voir des protagonistes fortes, assumant leurs formes et leur charme. « Celles que je représente rêvent, sont libres, ont leurs règles – sous la lune, sous les éclairs ou même face aux vagues », conclut-elle.
© Marie Aynaud