Après quelques mois de résidence à Wroclaw en Pologne, l’artiste japonaise Keiko Nomura a composé Melody of Light, un ouvrage rendant à la fois hommage à la ville polonaise ainsi qu’à Tokyo. Ici, la lumière tient lieu de guide dans ces traversées urbaines et humaines. À la tombée du jour ou au petit matin, elle est toujours là pour nous tendre la main.
Originaire de Hyogo au Japon, diplômée d’art du Visual Arts College d’Osaka et ayant étudié la photographie à Los Angeles et à Santa Fe, Keiko Nomura a toujours eu le goût du voyage et l’envie de capter l’essence d’un lieu. Son dernier ouvrage, Melody of Light, publié par les galeries d’art contemporain BWA Wrocław, est le résultat de l’un de ses périples. À la suite d’une résidence de six semaines dans la ville de Wroclaw en Pologne, elle a composé ce livre rendant un hommage symbolique à la ville polonaise, mais également à la capitale nippone. « La ville de Tokyo, où j’ai vécu pendant de nombreuses années, est aussi une métropole, mais c’est un ensemble de petites villes. Elle est traversée par des rivières, de nombreux parcs, et les saisons sont clairement définies par les couleurs. J’ai senti que c’était ce que les deux villes avaient en commun », explique la photographe dans un entretien accordé à BWA. Bien que distincts, ces espaces urbains sont finalement réunis autour d’un lien universel et éternel : la lumière.
« La lumière qui, si on la recueille dans sa main, disparaît.
L’eau rouge palpitante s’écoule,
un jour elle atteindra la mer, puis les cieux.
C’est un spectacle éternel d’une fraction de seconde. »
Un jour sans fin(s)
Réveil au soleil, farandole de visages et de paysages qui s’accordent et se désaccordent au fil des pages… Dans l’ouvrage de Keiko Nomura, l’existence file comme une symphonie d’amour pour s’envoler aussitôt dans l’atmosphère. Parsemé d’extraits de poésie écrits par la photographe elle-même, l’ouvrage navigue de l’intime au collectif pour symboliser l’échange. Mélangés pour créer le doute, les clichés de Wroclaw et ceux de Tokyo s’unissent pour former une métropole réinventée. L’humeur des villes se lit alors dans le calme de ses instants abrités ou dans l’ombre chinoise de branches flottantes dans le vent. Du lever du jour à la paresse de fin de journée, en passant par des moments d’allégresse enfantine, le temps passe et ne s’arrête pas de tourner. Croisant quelques fois des silhouettes humaines enfermées dans une existence passagère, il nous semble que tout se meut dans une valse infinie de la vie. Un spectacle d’un jour sans fin qui se feuillette volontiers lové·es au chaud.
Melody of Light, ¥5,000 (environ 35 €), 76 p.
© Keiko Nomura