« Mon travail explore la notion de romantisme inévitable au cœur d’une Amérique industrielle et de ses banlieues », déclare le photographe américano-coréen Grade Solomon. Colorées par des tons pastel et enveloppées d’un léger flou artistique, ses images se lisent comme des bribes de récits d’un temps révolu, ou brusquement arrêté. Pour l’auteur de 23 ans, « les gens rêvent d’une vie qu’ils n’ont jamais vécue. C’est pourquoi la vision d’un pays plus ancien, surgissant des paysages infernaux d’aujourd’hui peut sembler plaisante ». S’il ne recherche pas ardemment la mélancolie, la palette douce, et les scènes atemporelles qu’il shoote apportent au monde une dimension fantaisiste, presque surréaliste. De l’homme, il ne reste, dans les clichés de Grade Solomon, que des fragments, des traces qui évoquent sa résilience sans pour autant imposer sa présence. Et dans cet univers (presque) désert, un récit naît. Celui d’un espace post-apocalyptique, où les dernières inventions humaines, les ultimes constructions mécaniques se décomposent lentement, détruites par une nature ayant repris ses droits. Çà et là, quelques survivants apparaissent, rares témoins d’une nouvelle ère en formation. Un conte visuel rythmé par de multiples nuances colorées, où l’émotion domine et nous touche en plein cœur.
© Grade Solomon