Depuis ses débuts il y a une vingtaine d’années, la pratique de William Guidarini, flottante, trouble et imprécise, se nourrit d’obsessions et d’une quête de l’être. Le noir et blanc intimiste et poétique à l’argentique correspond à merveille à son exploration du champ de l’identité, de la mémoire et de la recherche de soi. « Avec cette technique, il y a un rapport à l’objet et à la lenteur », précise-t-il d’ailleurs. Sa Trilogie de l’intime réunit trois séries autobiographiques : Ceux qui restent (2015), Venise et ses îles (2019) et San Remigio (depuis 2020). Que ces images soient situées géographiquement ou qu’il ait choisi de ne pas les circonscrire, il trace avec ce travail une topographie de son intimité, des échographies de sa fille dans San Remigio aux images capturées lors de séjours dans son pays d’origine dans Venise et ses îles. Établi à Marseille, William Guidarini pratique un art d’un autre temps, et dit s’inscrire dans « un courant qui tremble » – aux côtés des auteurices Gabrielle Duplantier, Andreas Petersen, Michaël Ackerman ou encore Lorenzo Castore. Ses clichés, aussi candides que possédés, révèlent une esthétique du fragment qui correspond en tous points à ses états d’âme. Être face à une image accidentée, parfois floue ou sous-exposée, c’est pour lui être en situation d’intranquillité profonde.
© William Guidarini