Aida Muluneh a déjà vécu plusieurs vies. Et, à l’instar du chat, dont elle a la force et la délicatesse, il semblerait bien que d’autres l’attendent encore. Née en Éthiopie en 1974, elle vit une enfance voyageuse (Yémen, Chypre, Angleterre) et, pour ses études, le Canada puis les États-Unis. Dans une première vie, fraîchement diplômée en cinéma de la Howard University de Washington en 2000, elle a été photojournaliste. Notamment pour le Washington Post. En 2004, son travail entre dans la collection permanente du prestigieux Smithsonian Institute, National Museum of African Art. En 2007, elle décroche le Prix de l’Union européenne aux Rencontres de la photographie de Bamako.
Dans une deuxième vie, la voilà entrepreneuse culturelle et sociale. En 2010, elle fonde le premier festival dédié à la photographie en Afrique de l’Est, Addis Foto Fest, qui se tient en ce moment à Adis-Abeba, jusqu’au 20 décembre prochain . Une biennale qui s’impose dès la première édition comme un rendez-vous incontournable, mis en place par Desta (Developping and Educating Society Through Art) for Africa Creative Consulting PLC – organisation de développement culturel créée pour l’occasion. Car pour Aida, il ne suffit pas de soutenir la culture, la montrer. Il faut aussi en vivre, « trouver les moyens pour montrer qu’elle permet de créer des emplois ». La quatrième édition, qui se tiendra du 15 au 21 décembre prochains, verra le lancement d’un prix (AFF Photography Award) et d’un événement annuel « Photography in Ethiopia », exposition d’une collection d’une centaine de photographes venus de 36 pays… pour « donner une autre image de l’Éthiopie et du continent, et refléter une réalité nuancée ».
Quelque chose de beau et perturbant
Une troisième vie s’est additionnée, celle d’artiste conceptuelle. À son retour en Éthiopie, pays natal à la fois proche et lointain, en 2007, qu’elle a vécu comme « une leçon d’humilité », elle passe d’un travail documentaire à la construction de séries plus intimes. Sa dernière en date, qui a beaucoup voyagé dans différentes expositions collectives (comme The Divine Comedy de Simon Njami notamment), a été exposée à New York, chez David Krut Projects, en avril dernier. Des portraits surréalistes, des femmes aux visages peints, des mises en scène symboliques aux couleurs crues qui semblent mettre à nu le subconscient…
L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #21, en kiosque depuis le 9 novembre et disponible en ligne sur Relay.com !