Un bruit de couloir circule à Arles : “Ne ratez pas l’expo Alfredo Jaar, vous allez vous prendre une vraie claque.” La frénésie des Rencontres nous a fait repousser la visite au dernier jour de la semaine d’ouverture. Bravant la chaleur arlésienne (oui, la vie de journaliste est parfois difficile), on a découvert au cœur de l’église des Frères-Prêcheurs la pertinente expo du Chilien Alfredo Jaar. L’artiste parle, critique et pointe du doigt le rôle de témoin journalistique de la photographie. Il bouscule nos idées reçues sur l’objectivité de la presse et soulève la question des “vérités” véhiculées par les images.
Alfredo Jaar a fui la dictature chilienne et vit désormais aux États-Unis. C’est de New York qu’il décrypte le rôle des images via des installations, des projections, une accumulations de diapos, de couvertures de magazines. Quand Life fait sa une sur des sujets légers, Jaar nous rappelle qu’au même instant l’Afrique se déchire. Un film percutant revient sur le cliché de Kevin Carter, La Fillette et le vautour, qui montre un enfant soudanais affamé observé par un vautour. La démonstration (sans leçon de morale) est magistrale et pousse le spectateur à toujours s’interroger sur le sens et la portée des images. Alors si le thème du noir et blanc mis à l’honneur cette année vous effraie un peu, cette expo va vous réconcilier avec les Rencontres d’Arles.
Alfredo Jaar : La Politique des images, exposition présentée à l’église des Frères-Prêcheurs, jusqu’au 25 août.