Dans sa série Point sublime, la photographe finlandaise Anna Niskanen dévoile la nature de la Côte d’Azur sous un jour nouveau : désertée par les humain·es, sublimée dans ses éléments les plus basiques. Le Centre de la photographie de Mougins accueille son exposition jusqu’au 4 février.
Anna Niskanen (née en 1990 à Helsinki, Finlande) dissèque les paysages et les éléments. Sa photographie donne vie à des « écofacts », des artefacts prenant la nature comme point de départ. Par ses collages, elle propose de regarder les objets naturels sous tous leurs angles et propose des installations qui épousent les lieux de monstration et vont avec le paysage environnant. L’exposition au Centre de la photographie de Mougins, ouverte jusqu’au 4 février, présente des tirages photographiques uniques réalisés à la main et propose un voyage multi-dimensionnel au cœur des paysages de la Côte d’Azur. La Riviera a été façonnée par la main humaine dans chacun de ses recoins. Néanmoins, par son regard attentif aux détails sensoriels et géographiques qui définissent un lieu, la photographe nous présente cette région désertée par les humain·es et laisse alors parler uniquement les éléments naturels qui la composent. Cette série, Point sublime, fait écho à ses travaux précédents. Dans Oyster, par exemple, elle délivre ses observations faites lors de sa résidence artistique à SÍM (Reykjavik, Islande) : elle se nourrit de la nature omniprésente et puissante et se laisse fasciner particulièrement par l’eau, qu’elle interprète sous toutes ses déclinaisons. La photographie d’Anna Niskanen est comme une grande archive d’environnements naturels, de perspectives, de compositions de matières. Grâce à sa pratique d’assemblage, elle produit des images inédites et ouvre les portes des possibles.
La Côte d’Azur sous un autre jour
Par le choix d’une photographie artisanale, Anna Niskanen met en œuvre une résistance face à l’inexorable uniformisation des images. Grâce au cyanotype, ce bleu de Prusse qui caractérise ses photographes, et la gomme bichromatée, un pigment terreux, ses œuvres deviennent une célébration de la nature et de ses aspérités. Point sublime est le résultat d’une résidence à Mougins, une « contrée belle et sauvage, mais aussi une côte abîmée, une montagne blessée », comme la décrit le photographe François Cheval. Ce travail dévoile la Côte d’Azur sous un autre jour : celui de sa nature parfois rude, brute, loin de l’imaginaire pailleté de Saint-Tropez et de la Croisette de Cannes. Ce sont des paysages complexes qui, débarrassés de la présence humaine, laissent apercevoir leur magnificence et leur fragilité. Dans la série, comme l’énonce François Cheval, on « retrouve dans la fabrication des images ces passions primitives et la spontanéité émotionnelle qui s’opposent, modestement, à la fausse rationalité du monde. Une présence invisible que seul le soleil est en capacité de révéler. »