Au-delà des murs de la paix

31 août 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Au-delà des murs de la paix

Le photographe irlandais Enda Bowe a voyagé à Belfast, de chaque côté des murs de la paix, pour témoigner des conflits territoriaux. Il livre avec Love’s fire song, une série cinématographique prônant la bienveillance.

Établi à Londres depuis vingt ans, Enda Bowe vient d’une petite ville d’Irlande centrale appelée Carlow. Passionné par « les gens, leurs parcours, leurs joies, leurs peines, et par les notions de désir, d’envie, d’aspiration et de vulnérabilité », le photographe réalise des séries au long cours, inspirées par les procédés et techniques littéraires. Ses récits visuels prennent souvent racine dans son pays natal, et ses territoires avoisinants. C’est à Belfast, de part et d’autre des murs de la paix, qu’il réalise Love’s fire song.

Les conflits entre les deux communautés principales habitant l’Irlande du Nord demeurent. Dans les années 1960, les minorités nationalistes catholiques se sont opposées aux majoritaires unionistes et protestants. Malgré les années écoulées, et plusieurs accords passés, les cicatrices psychologiques de ces combats restent ancrées dans le territoire, et les divisions refusent de s’effacer. « Nous avons entendu de nombreuses histoires, en Irlande du Sud, des histoires qui nous ont hantés. Mais nous n’avons jamais pu faire l’expérience de ce que ces communautés vivent au quotidien ni vraiment les comprendre. J’ai donc voulu m’y rendre. Le but n’était pas forcément de photographier, mais d’essayer de me faire ma propre opinion de cette lutte », raconte Enda Bowe.

© Enda Bowe

Voguer d’un espace à l’autre

Sans prendre parti, en voyageant d’un côté à l’autre, le photographe esquisse un portrait sensible de Belfast et de sa jeunesse. Loin d’être politisé, Love’s fire song illustre la beauté d’un espace vulnérable, affaibli par les conflits. « Il était important de construire une zone géographique non reconnaissable. D’éviter les images trop iconiques, les écueils trop évidents. Je voulais mettre en lumière l’ordinaire, les lieux de tous les jours, ceux qui abritent toute la beauté et la magie du monde », confie l’artiste.

Éclairés par une lumière chaude, naturelle, les visages de ses sujets resplendissent, révèlent leurs émotions. Au fil des images, les frontières s’abaissent, et les protagonistes semblent voguer d’un espace à l’autre, traversant sans peine ces lignes physiques qui enferment, et confortent les hommes dans leur haine. Les photographies d’Enda Bowe étirent le temps, invitent à la contemplation. Capturés avec sérénité, les jeunes modèles du photographe se livrent, face à l’objectif. Chaque cliché se transforme en tableau, révélant la splendeur du décor, la grâce des visages, et celle les flammes flamboyantes, éclairant la nuit noire. Une invitation à observer le monde avec un regard différent.

© Enda Bowe© Enda Bowe

© Enda Bowe© Enda Bowe

© Enda Bowe© Enda Bowe

© Enda Bowe

© Enda Bowe© Enda Bowe

© Enda Bowe© Enda Bowe

© Enda Bowe

Explorez
Les images de la semaine du 17 novembre 2025 : portraits du passé et du présent
I Saw a Tree Bearing Stones in Place of Apples and Pears © Emilia Martin
Les images de la semaine du 17 novembre 2025 : portraits du passé et du présent
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye dépeignent différentes réalités. Certains puisent leur inspiration...
23 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 événements photo à découvrir ce week-end
© Sandra Eleta
5 événements photo à découvrir ce week-end
Ça y est, le week-end est là. Si vous prévoyez une sortie culturelle, mais ne savez pas encore où aller, voici cinq événements...
22 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La Galerie Carole Lambert réenchante l'œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Petit cheval de Quito © Archivo Manuel Álvarez Bravo
La Galerie Carole Lambert réenchante l’œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Jusqu'au 18 décembre 2025, la Galerie Carole Lambert devient l’écueil des 40 tirages d’exception du photographe mexicain Manuel Álvarez...
21 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), 2023 © Emilio Azevedo
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Présentée dans le cadre du festival PhotoSaintGermain et au musée du Quai Branly, l'exposition Rondônia. Comment je suis tombé amoureux...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dans l’œil de Naïma Lecomte : rendez-vous au bord de l’eau après les cours
© Naïma Lecomte / Planches Contact Festival
Dans l’œil de Naïma Lecomte : rendez-vous au bord de l’eau après les cours
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Naïma Lecomte. Jusqu’au 4 janvier 2026, l’artiste présente Ce qui borde à Planches...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan, nos coups de cœur de la semaine, documentent des univers spécifiques. La première s’intéresse à...
24 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 17 novembre 2025 : portraits du passé et du présent
I Saw a Tree Bearing Stones in Place of Apples and Pears © Emilia Martin
Les images de la semaine du 17 novembre 2025 : portraits du passé et du présent
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye dépeignent différentes réalités. Certains puisent leur inspiration...
23 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 événements photo à découvrir ce week-end
© Sandra Eleta
5 événements photo à découvrir ce week-end
Ça y est, le week-end est là. Si vous prévoyez une sortie culturelle, mais ne savez pas encore où aller, voici cinq événements...
22 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine