Au micro de Regardez Voir #101

03 juillet 2019   •  
Écrit par Julien Hory
Au micro de Regardez Voir #101

Pour inaugurer sa formule estivale, l’émission Regardez Voir reçoit Jane Evelyn Atwood. La photographe américaine présente la série Badante, exposé à Houlgate jusqu’au 31 août. Elle revient également sur son travail-fleuve sur les femmes en prisons.

Cet été, l’émission Regardez Voir propose une nouvelle formule. Le samedi, à 14h, la journaliste Brigitte Patient accueille des photographes invités à revenir sur leurs œuvres. Pour cette première, Brigitte Patient reçoit la célèbre photographe Jane Evelyn Atwood. Marraine du festival Les femmes s’exposent d’Houlgate, elle y présente Badente, un travail pour la première présentée en France. Le terme italien badente désigne des auxiliaires de vie qui vivent avec leur patient. Daria est la badente dont Atwood chronique la vie.

Daria est ukrainienne. Comme des milliers de ses compatriotes, elle a quitté l’Ukraine pour l’Italie afin de faire vivre sa famille restée au pays. Comme l’explique la photographe : « Quand j’ai commencé ce travail en 2005, il n’y avait pas de règlement. Les badente étaient payées à la merci de la famille qui les a embauchées et des fois, cela pouvait être abusif. (…) Daria était un cas exceptionnel. Elle n’avait pas qu’une personne âgée mais quatre, quatre sœurs. » Au milieu de cette vie éreintante, pour envoyer plus d’argent à sa famille, Daria passe ses deux heures de repos quotidien au service d’une femme riche. Une vie d’esclave que la photographe a capté au plus près en noir et blanc.

Le monde clos le plus extrême

À partir de 1989 et pendant 9 ans, Jane Evelyn Atwood a parcouru les prisons du Monde. En France, en Russie, en Europe de l’Est puis aux États-Unis, elle saisit la vie carcérale des femmes. De cette immersion en milieu clos, la photographe a rapporté un témoignage poignant publié dans un livre de photos et de récits, Too Much Time, (Women in prison). « Je suis fasciné depuis le début par les mondes clos, confie Atwood, la prison représente le monde clos le plus extrême. (…) C’est l’être humain qui a inventé cette idée de créer un monde clos qui est pour les gens qui ne peuvent pas être avec le reste de la société. C’est ça qui m’a intrigué. »

Que ce soit pour une publication ou une exposition Jane Evelyn Atwood veut contrôler ses images. Ce n’est pas seulement pour que la finalité soit fidèle à son intention de départ. Elle le précise : « Il ne faut absolument pas trahir ces gens. C’est moi qui ai demandé “Est-ce que je peux vous prendre en photo ?” [Ces femmes] ont confiance en moi, elles ont confiance en ce que je vais faire avec ces photos. Alors je ne peux pas faire n’importe quoi avec ces photos. (…) Ce n’est pas un contrôle gratuit, c’est de ne pas dénaturer un travail qui est déjà fait. »

 

 

© Jane Evelyn Atwood

© Jane Evelyn Atwood

© Jane Evelyn Atwood

Explorez
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
© Guénaëlle de Carbonnières
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
Jusqu’au 1er février 2026, le musée des Arts décoratifs de Paris vous invite à découvrir Dans le creux des images. Cette exposition...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
© Simon Phumin / Instagram
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine se plongent dans les livres et les univers composés de mots. Ouvrages, magazines...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Paris Photo 2025 : les incontournables de cette édition
3 of Cups, de la série This Happened To You, 2025 © Atong Atem, courtesy Mars Gallery
Paris Photo 2025 : les incontournables de cette édition
Pour son édition 2025, la foire internationale Paris Photo transforme une nouvelle fois le Grand Palais en boulevard incontournable du 8e...
14 novembre 2025   •  
Yves Samuel : Objets en résistance
© Yves Samuel courtesy CLAIRbyKhan
Yves Samuel : Objets en résistance
Dix ans après les attentats perpétrés à Paris en novembre 2015, le photographe Yves Samuel publie aux Éditions Fisheye un livre tout en...
13 novembre 2025   •  
Écrit par Eric Karsenty
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
© Guénaëlle de Carbonnières
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
Jusqu’au 1er février 2026, le musée des Arts décoratifs de Paris vous invite à découvrir Dans le creux des images. Cette exposition...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
Adarsh © Arhant Shrestha
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
À la librairie 7L, le photographe népalais Arhant Shrestha présente Loose Fist, livre et exposition issus d’un long travail de...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
© Simon Phumin / Instagram
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine se plongent dans les livres et les univers composés de mots. Ouvrages, magazines...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Topside III, de la série L’île naufragée, 2022 © Richard Pak
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Pour occuper les journées d'automne, la rédaction de Fisheye a sélectionné une série d'événements photographiques à découvrir à Paris et...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine