Cette semaine, Brigitte Patient met le cap sur l’est de la France avec deux expos. Dépêche-toi de vivre, à Strasbourg, révèle la vulnérabilité d’hommes en transition. Et Muchismo, à Mulhouse, dénonce de façon ludique un monde envahi par l’image.
Le voyage commence à la Filature de Mulhouse où l’œuvre de Cristina de Middel est visible jusqu’au 9 mars. Peu connue en France, cette photographe espagnole, nominée par l’agence Magnum et titulaire du Prix national de la photographie du ministère de la Culture de son pays, nous présente Muchismo. Cette exposition composée de quelque 430 images est née des critiques de l’artiste qui lui reprochaient de trop créer… Dans un désordre ludique, les séries se mélangent et se réarrangent pour trouver un nouvel équilibre. Le spectateur, lui, s’amuse à trouver un sens à ce nouveau cheminement. Une réflexion sur notre époque où l’image pléthorique est consommée avec avidité.
Exposition Muchismo © Cristina de Middel
Direction Strasbourg ensuite, à Stimultania. Le pôle de photographie, qui accueille depuis plus de trente ans des travaux d’artistes qui étonnent, lance un véritable appel à la liberté avec l’exposition collective Dépêche-toi de vivre. Une liberté portée par des jeunes en transition et des hommes incarcérés qui ont croisé l’objectif de Melania Avanzato, Guillaume Chauvin, Benoît de Carpentier et Fabienne Swiatly. Ces quatre photographes nous plongent dans un univers tout en nuance, où adolescence et enfermement se répondent, et nous font réfléchir sur la vulnérabilité et les fragilités d’hommes en suspension. L’occasion également d’aborder une question d’actualité sur les mécanismes de la reproduction masculine dans l’art. Une thématique forte qui nous invite à nous demander si l’on « peut être un homme sans faire le mâle ».
J’étais loin de m’attendre © Salem avec Benoît de Carpentier
Image d’ouverture In praesentia © Melania Avanzato Lycée l’Oiselet Bourgoin-Jallieu, 2017