Cette semaine, Brigitte Patient dialogue avec deux personnalités du monde de la photo. Hélène Jayet revient sur ses différentes séries, tandis que Jean-Luc Monterosso se penche sur l’évolution de la Maison Européenne de la Photographie.
Brigitte Patient dialogue d’abord avec Hélène Jayet, photographe membre de l’agence Signatures. Fille d’une mère française et d’un père malien, l’artiste a grandi dans une famille de frères et sœurs adoptés : deux sœurs coréennes, un frère gitan, et un autre franco-antillais. Elle développe alors une grande curiosité pour le monde et ses différentes cultures. Au micro de regardez-voir, elle revient sur trois de ses séries.
Chroniques maliennes s’impose comme un « carnet personnel, réalisé pour ne pas oublier ». Alors qu’elle découvre le Mali, elle ressent le besoin de documenter ce voyage intime. « C’était des images que j’ai faites pour moi, je ne voulais les montrer à personne », confie-t-elle. Une excursion immortalisée avec passion.
Adoptés – l’origine de l’histoire présente une collection de documents, arrangée à la manière d’une enquête policière. Ses parents, rapporteurs pour la DASS possédaient beaucoup d’archives, de « trésors » : papiers administratifs, premiers cadeaux offerts, vêtements… « Tous gardés dans une boîte spéciale, une sorte de boîte de pandore », se souvient la photographe.
Enfin, Hélène se tourne vers ses origines en construisant Colored only – Chin up! Une série photographique basée sur cette génération africaine vivant en France, partagée entre les influences, les traditions de leur pays d’origine, et celles d’une nouvelle culture. Ce sont les cheveux qui fascinent la photographe. « C’est un vecteur de brimades, de moqueries », explique-t-elle. Une manière de parler d’un passé douloureux – l’esclavage et la colonisation – et de la difficulté des dialogues entre les cultures. « Mais en même temps, les blancs sont très intrigués par les cheveux africains », ajoute Hélène. Une invitation à relever la tête avec fierté, écho au chin up du titre de la série.
© Hélène Jayet
Jean-Luc Monterosso se confie ensuite à Brigitte. Ensemble, ils reviennent sur les débuts de la Maison européenne de la Photographie. Créée en 1996, la MEP se construit grâce à son directeur. Elle compte aujourd’hui 23 000 œuvres et 32 000 ouvrages. « Beaucoup plus de jeunes viennent découvrir le lieu, les expositions », note Jean-Luc. « Le public a changé, il est devenu plus cultivé, il connaît l’histoire de la photo et se fait plus exigeant », ajoute-t-il.
En mars dernier, La photographie française existe… je l’ai rencontrée, une exposition signée Jean-Luc Monterosso, démarrait à la MEP, un cadeau de l’ancien directeur à cet établissement. « J’y revisite l’âge d’or de la photographie française, c’est à dire vers les années 80 », explique-t-il. Un véritable best of des figures importantes de la photo française.
Au micro, Jean-Luc Monterosso dévoile également son envie de découvrir le nouveau visage de la MEP : Simon Baker, son remplaçant. Avec une grande confiance, l’ex-directeur revient sur l’importance de « transmettre ».
Enfin, ORLAN, Christine Spangler, Françoise Huguier et Sabine Weiss échangent avec Brigitte, décrivant leurs portraits affichés sur les murs de la Maison européenne de la photographie. Un écho à l’effort de Jean-Luc Monterosso de représenter les femmes photographes dans ce temple du 8e art.
© Françoise Huguier
© Sabine Weiss